Principes d’animation de l’atelier :
Selon Pierre Frenkiel, il y a 5 principes facilitant pour produire du texte avec plaisir et en groupe
1- pour produire du texte, il suffit de laisser voir ce qui vient, sans réfléchir en laissant aller la main, spontanément, en mettant de côté tout esprit d’auto-évaluation,
2- la lecture à voix haute des textes écrits et facultatives
3- le groupe écrit à partir d’un ou plusieurs inducteurs qu’il détermine lui-même, les adducteurs sont les points d’ancrage, les points de départ de l’écriture. Ce peut être un mot, une phrase, un texte, des écrits dits, lus, entendus. Ce peut être aussi toute expérience sensible choisie par le groupe, par exemple un échange de regard, un goût, une odeur, une musique, un contact, une danse, une improvisation verbale ou non verbale, un déplacement, exetera. Attention, l’inducteur n’est pas un thème mais un point de démarrage. Il est tout à fait possible de le quitter, de le transgresser, de le fragmenter, de ne s’en servir que pour parti ou de ne pas s’en servir du tout.
4- les durées d’écriture sont également déterminées par le groupe des participants. L’animateur aide à l’expression des désirs de chacun dans le choix de la durée d’écriture, tout comme d’ailleurs dans celui de l’indicateur et favorise leur émergence et leur mise en acte en tenant compte bien sûr des contraintes de temps, qu’elles émanent des participants ou du contexte institutionnel.
5 - L’animateur écrit aussi. Il joue comme il l’entend le jeu choisis par le groupe, et s’il le souhaite, il lit son texte.
P.-S. : Ces principes sont extraits du livre "90 jeux d’écriture, faire écrire un groupe" de Pierre Fraenkel chronique sociale janvier 2007.
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Structuration de l’atelier :
1- la lecture d’un texte de Queneau pour remercier le pape de l’Ouvroir d’écriture potentielle
2 - un temps de lecture de passage qu’on a aimé, issu d’un roman, d’un recueil de poèmes...
3 - un temps de jeux d’écriture (avec les méthodes de Pierre Frenkiel, Michel Martin, Dominique Mégrier...)
4- un temps d’isolement pour rédiger seul son texte du jour (éventuellement chez soi, ou à poursuivre chez soi)
5- un temps de gueuloir pour dire son texte aux autres (le jour même ou en début de séance prochaine...)
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Avec l’Oulipo, le plaisir d’écrire... ✍
Avec l’oulipo, on prend plaisir à écrire ensemble, en surmontant des contraintes. C’est à la fois du bonheur d’écrire et du bonheur de jouer avec les mots. Avec des exercices où les solutions sont multiples, sachant que l’on gagne le plus souvent.
À la grande différence des pratiques de rédaction classique où les fautes sont souvent pénalisées et même surévaluée. L’imagination est ici stimulée par des règles originales, des contraintes. Il y a un challenge à relever. Il ne s’agit pas d’une consigne avec un "tu dois écrire" qui est inhibant mais de jeux où se pose le "es-tu capable de gagner" en proposant une situation énigmatique, une situation de défi pour écrire. On ne gagne pas contre quelqu’un, mais on réussit tout simplement la plupart du temps à plusieurs.
Ainsi l’écrit devient bonheur d’écrire et de donner des formes avec des solutions propres, de les présenter de façon personnelle et même de les reprendre pour les améliorer sans cesse. Il est à parier qu’au sortir de l’atelier, le désir d’écrire se prolonge jusqu’au prochain rendez-vous dans tous les interstices que la vie quotidienne nous laisse.
La contrainte imposée par l’Oulipo oblige à progresser, développe une capacité nouvelle donc obligatoirement un succès qui concerne l’acte d’écriture, un succès méthodologique et imaginaire. Cet atelier invite aussi à travailler en petits groupes où il sera possible de tâtonner, d’écrire à plusieurs, de réfléchir ensemble. Ensuite cela suppose une mise en commun, des échanges, des propositions, des critiques constructives, des retouches... tout cela est d’ailleurs le propre de la création textuelle où celui qui écrit doit peser ses mots, penser aux tournures à utiliser, et surtout se représenter un lecteur potentiel car celui qui écrit doit savoir se critiquer, se relire, pour réécrire, pour revenir en arrière de manière à ce qu’il y ait adéquation entre le projet et sa réalisation.
Quel que soit le texte produit, il est toujours en quelque sorte tissé car le mot texte vient du latin "textus", ce qui signifie ce qui est tissé. On ne pond pas un texte comme une poule, on le rédige, on l’oublie, on le reprend, on le critique. Parfois il est possible voire nécessaire de suivre un fil directeur au moyen d’une carte mentale ou carte heuristique qui sera nécessairement toujours évolutive mais permettra de suivre le projet toujours et encore même lorsqu’on s’étourdit de la musique des mots...
Listing de jeux d’écritures possibles
Les jeux proprement oulipiens :
Les lipogrammes : c’est un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer une lettre parfois plusieurs. Se trouvent ainsi proscrits les mots qui contiennent ces lettres ou cette lettre. Le monovocalisme est un lipogramme d’un genre particulier d’où sont bannies toutes les voyelles sauf une. Les anagrammes reviennent à permuter les lettres d’un ou de plusieurs mots de façon à former d’autres mots par exemple le mot ami est l’anagramme du mot mai. Un poème Annagramatique est un poème dont tous les vers sont composés avec exactement les mêmes lettres simplement déplacées. Le palindromes est un texte qui peut être lu de gauche à droite comme de droite à gauche sans avoir nécessairement le même sens. Avec la méthode S + 7 il s’agit de remplacer chaque substantif d’un texte donné par le septième S+7 trouvé après lui dans un dictionnaire donné.
La littérature définitionnelle : dans un énoncé donné, on remplace chaque vocable signifiant par une de ces définition dans un dictionnaire donné, on réitère l’opération sur le nouvel énoncé obtenu et ainsi de suite. C’est un principe de production littéraire particulièrement fécond puisque une phrase de 6 mots ainsi traité donne un texte de 180 mots environ à la troisième étape du traitement. Les transduction : à partir d’un texte donné, substituer au substantif de ce texte d’autres substantif pris dans un lexique spécialisé différent. Les homophonies jouent sur la ressemblance des sons qui composent deux énoncés. Complète ou approximative, elle est une source ancienne jamais taries de jeux verbaux comme les calembours, les à peu près, les fables express ou les vers holorimes.
Les chimères, soit un texte source T, on le vide au sens que ce terme prend dans l’expression vider un poulet de ses substantif, de ses adjectifs et de ses verbes en marquant toutefois la place de chaque substantif adjectif et verbe. On obtient un texte moule. Soit trois textes cibles S, A, V , on extrait les substantifs de S, les adjectifs de A et les verbes de V. Puis on reprend le texte moule T, on remplace les substantifs supprimés dans T par les substantifs de S dans l’ordre ils ont été extrait, même opération pour les adjectifs de A et les verbes de V. Après avoir rectifié, aussi peu que possible pour éliminer certaines incompatibilité, on aboutit à un texte accommodé qu’on appelle un texte chimère.
Les traductions Antomimiques consistent dans un énoncé donné à remplacer chacun des mots importants, (substantif, verbe, adjectif, adverbe) par un de ses antonymes possibles, c’est-à-dire son contraire. Avec les aphorismes, on conserve le moule c’est-à-dire la structure syntaxique d’un aphorisme de départ mais certains éléments comme les substantifs, les verbes, les adjectifs, les adverbes sont remplacés par d’autres de même nature. Les alexandrins greffés sont obtenus en greffant un hémistiche, (une moitié de vers coupés à la césure,) emprunter un alexandrin de Mallarmé par exemple sur un hémistiche ,(une moitié de ves coupés) d’un alexandrin de Musset.
Le portrait-robot consiste à l’aide des expressions toutes faites empruntés à un corpus donnée, de faire le portrait descendant d’une personne ou d’un corps d’un métier. Cela peut donner des résultats étonnant voir méchant. Filigrane : dans un dictionnaire de référence sélectionner un certain nombre de locutions concernant un mot donné. Effacer le mot dans chaque locution. Puis construire un court poème avec ce qui reste.
Haïkus, les combinatoires de vers, les inventaires...
Des jeux plus simples : Le jeu des papiers pliés, écrire à partir d’un mot commun, remplir les blancs, Jeu des 4 coins et du centre, se donner des inducteurs,
Les jeux à étapes : Jeu des 7 mots, le travail de la lettre, le passage obligé, le jeu à partir du manque, le jeu du trop-plein, les mots cachés, écrire à partir des mots obtenus en regardant des cartes postales, le jeu des deux listes, les jeux de fabrication, le staflizu, l’acrostiche, le jeu de l’échelle, la métaphore saturée, le jeu des syllabes réparties, les jeux de communication, le cadavre exquis, les feuilles tournantes, le renga, le jeu des 7 points, le jeu des minutes inductrices, le ABA, la réécriture, le script au clip, s’écrire des Lettres les uns aux autres, les petites annonces, la petite annonce en cadavre exquis, le dialogue direct, les titres comme inducteur, le chuchotis à l’oreille...
Expérimentation : Ecrire ensemble au site du Gouffre, 974
Vous aimez les mots ? Vous aimez jouer avec les mots ? Vous aimez feuilleter au hasard dans un dictionnaire ? Vous aimez lire un peu de tout ? Vous aimez écrire des histoires, des contes, des poésies ? Alors faisons-le ensemble : on s'échauffe avec des jeux oulipiens, on écrit dans un coin puis on se lit nos écrits. Rien d'obligatoire, juste le plaisir des mots et d'en jouer... Retrouvons-nous pour écrire ensemble sur une terrasse, dans un bistrot ou sur la plage à l'ombre... avec nos cahiers ou nos tablettes. A bientôt ?
Pour commencer l'atelier du 8 mai et faire connaissance :
1- Le jeu des mots préférés : A tour de rôle, chaque participant dit 3 mots préférés à noter sur tableau Velleda puis chacun les utilise pour créer son texte que l'on se lit après, c'est une écriture automatique pour se lancer, se lâcher et faire connaissance.
Variante : prendre à tour de rôle 3 mots au hasard dans le dictionnaire ou bien dans le roman ou le poème dont on fera après la lecture et les inscrire sur le tableau Velleda, puis chacun les utilise pour créer son texte.
2- lecture de passages d'écrits qu'on a bien aimé chez un auteur : un roman, une poésie...
3- jeu du cadavre exquis : Le principe du jeu est le suivant : chaque participant écrit à tour de rôle une partie d'une phrase, dans l'ordre sujet–verbe–complément, sans savoir ce que le précédent a écrit. La première phrase qui résulta de ce processus et qui donna le nom à ce jeu fut : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau. »
4 - lecture d'écrits personnels selon votre envie...
Attention, on n'est pas là pour se prendre au sérieux mais jouer avec les mots, se jouer des mots, rêver des mots... avec son stylo ou sa tablette, on s'engouffre (sans jeu de mot) dans cette activité ludique. Chacun peut lire ou pas ses productions, rien n'est obligatoire, pas de compétition mais de la bienveillance. Pas de jugement mais de l'humour. Les mots, les histoires et les poèmes ne résonnent pas pour tous de la même manière. Ils ne raisonnent pas non plus pareillement.
Le cadavre exquis est un jeu collectif inventé par les surréalistes et notamment par Jacques Prévert, en 1925. C'est un jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes.
le cadavre exquis de la phrase :
Sur le haut de la feuille chacun écrit un substantif (par exemple: "le cadavre"), puis plie le haut du papier pour cacher le mot qu'il vient d'écrire et le passe à son voisin de droite.
Chacun écrit alors sur le papier qu'il reçoit un adjectif (par exemple: "exquis"), puis plie le haut de la feuille pour cacher le mot et passe à son voisin de droite.
La troisième fois on note un verbe (par exemple "boira"), la quatrième un autre substantif (par exemple : "le vin") et enfin la cinquième un autre adjectif (par exemple "nouveau").
Ce qui donnera à la lecture de ce papier-ci : "Le cadavre exquis boira le vin nouveau" (premier texte obtenu par les poètes surréalistes amateurs de ce jeu).
le cadavre exquis des définitions :
C'est à dire que chaque joueur sur sa feuille écrit dans le haut une question (par exemple: qu'est-ce qu'un éléphant ?) et le suivant répond en donnant une définition (sans voir bien entendu la question (par exemple: c'est une machine avec des roues).
Ce qui donnera à la lecture: "Qu'est-ce qu'un éléphant ? Une machine avec des roues."
Le cadavre exquis avec des "si" :
Le premier écrit une phrase commençant par un "si"; par exemple "si j'avais des ailes". Il plie le papier de manière à cacher sa phrase et le second poursuit "je mangerais des champignons".
Le cadavre exquis des syllabes :
On utilise des mots de 3 ou 4 syllabes, on définit un thème, par exemple "les animaux" et on doit noter les syllabes des noms des animaux : "cro" (pour crocodile), "ra" (pour girafe) et "phant" (pour éléphant). On obtient un drôle de "croraphant" !