L’école au XXIᵉ siècle, espace d’émancipation ou de contrôle ?
Géographe, rattaché à un laboratoire de sciences de l’éducation, Pascal Clerc travaille depuis plus d’une dizaine d’années sur les espaces d’apprentissages. Il s’intéresse notamment à l’organisation des salles de classe mais aussi aux cours de récréation et aux écoles en plein air.
Intitulé Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIᵉ siècle, son essai publié ce 28 août 2024 aux éditions Autrement, interroge le fonctionnement des établissements scolaires aujourd’hui, et la manière dont l’institution tend à cloisonner et enfermer plutôt qu’à libérer et à s’ouvrir aux différents horizons et environnements. Extrait.
L'école au XXIᵉ siècle, espace d'émancipation ou de contrôle ?
Dans un monde où tout change, pourquoi l'organisation des établissements scolaires reste-t-elle calquée sur un modèle datant du XIXᵉ siècle, centré sur la salle de classe ?
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A républier complètement
Avec la résistance de la forme scolaire et des barrières réelles ou symboliques qui ferment les écoles, se joue alors une autre résistance, politique, vis-à-vis d’une éducation qui serait réellement émancipatrice. La forme scolaire est politique, comme un modèle qui en serait l’antithèse d’ailleurs et qui serait aussi, selon d’autres modalités, étroitement lié aux formes matérielles et spatiales des établissements scolaires. Parce que l’espace, production sociale, est politique ; et toujours, explicitement ou non, relié à un projet de société.
Tout fait sens avec les spatialités de la forme scolaire : les difficultés du franchissement, les logiques séparatives, la relation paradoxale avec les entours de l’école, la peur du dehors, la production de frontières dures, l’incapacité à penser les réseaux. Les résistances aux changements sont celles d’une société qui instrumentalise l’école comme moyen de contrôler les individus. Nous en faisons le lieu de la reproduction sociale en dépit des discours permanents sur la lutte contre les inégalités, le lieu de production de futurs adultes « conformes » au sein d’une institution normalisatrice qui accepte mal la diversité dans le collectif et l’autonomie de chacun.