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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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Les apprentissages informels tels qu’ils ressortent de la littérature scientifique disponible sont attestés comme acquisitions des connaissances, liées à l’expérience. Ils renvoient à une double logique d’expérimentation et de construction de l’identité professionnelle. Lorsqu’ils s’inscrivent dans l’environnement professionnel, ils s’appuient sur les métiers. En mobilisant des technologies de la communication, ils sont alors qualifiés de nomades. Tacites, ils révèlent le rôle pris par l’environnement et l’organisation des interactions humaines. Sous la forme d’apprentissages incidents ou accidentels, ils puisent dans la variété des situations, des événements, ou des révélations soudaines. Le fait de les nommer dans d’autres circonstances « buissonniers » permet de pointer leur discrète visibilité. Ils deviennent implicites quand ils laissent entrevoir le rôle de l’attention et de l’intention pour apprendre. Ils sont quotidiens lorsqu’ils témoignent de leur caractère diffus plutôt qu’intense et spécialisé. En les considérant comme situés, on entend souligner l’importance des lieux et des temps. Ainsi, la richesse du vocabulaire pour désigner les apprentissages informels témoigne de la variété des modalités de l’apprendre mises en jeu. Elle est aussi associée à la diversité des apprenants. Pour ceux-ci, le lien entre émancipation et autoformation est souvent mis en avant. À lire différents auteurs sur la question des apprentissages informels, chaque apprenant apparaît sensible à un point plutôt qu’à un autre dans un processus d’apprentissage qui le concerne au premier chef. Les apprentissages informels vont au-delà de la distinction entre apprentissage intentionnel ou non intentionnel, planifié ou non planifié, proposée par Schugurensky (2007). Ils intègrent la pluralité des temporalités liées à l’intention, à l’attention, aux événements, aux circonstances, au sens recherché.

Les apprentissages informels gagnent à être pensés en synergie avec les apprentissages formels plutôt que de façon antagoniste. D’ores et déjà des propositions voient le jour pour organiser un maillage de stratégies éducatives entre apprentissages formels et informels. Ainsi, comme le montrent Xiao et al. (2007) à propos des formations formelles en informatique, les apprentissages formels sensibiliseraient les étudiants à se préparer à apprendre de façon informelle tout au long de la vie. Mais un milieu de travail sera considéré comme plus ou moins facilitant pour le déploiement des apprentissages informels, d’où l’opportunité de devoir diagnostiquer ce milieu. C’est l’objet de la « matrice de l’apprentissage informel en milieu de travail » (MAIT) créée par le Centre de l’éducation et du travail du Manitoba (CET, 2006) pour aider les organisations et les particuliers à évaluer l’apprentissage lié au travail. Encore faut-il que ces propositions rejoignent « les apprenants agents libres » (Rothwell, 2002) cherchant « à acquérir des connaissances, des compétences ou des attitudes données de leur propre initiative, pour répondre à leurs besoins, sans nécessairement compter sur un soutien quelconque de la part de leur superviseur immédiat ou d’instances institutionnelles ».

Des points restent en suspens. Il s’agit certainement aujourd’hui de se questionner sur la façon dont se combinent le mieux apprentissages formels et informels, d’imaginer de nouvelles perspectives qui autorisent un engagement plus riche en formation. Il serait aussi intéressant d’observer plus finement comment les nouvelles technologies de communication favorisent ou au contraire freinent les apprentissages informels. Peut-être faudrait-il aussi repérer quelles sont les connaissances les plus sensibles aux apprentissages informels. Enfin, la poursuite d’une reconnaissance de ces apprentissages permettrait d’ouvrir de nouvelles possibilités à des individus privés de diplômes ou de qualification officielle. Demeure la question de la formalisation des apprentissages informels. Plus ceux-ci prennent forme et sont reconnus, plus le lien entre l’apprenant et son expérience est mis à nu. Aboutira-t-on à des référentiels et à des certifications de comportements conduisant à une formalisation de l’informel ? Y aura-t-il validation de compétences sociales et personnelles au travers desquelles s’exprimait hier de façon informelle la personnalité ? Et enfin, comment les formateurs devront-ils prendre en compte ces apprentissages informels dans leurs interventions ? Devront-ils créer des écosystèmes d’apprentissage démultipliant les possibilités d’interactions ?

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