22 - Indicateurs de développement professionnel et les instruments psychologiques
EXTRAITS DE LA PUBLICATION DE GWÉNAËL LEFEUVRE, AUDREY GARCIA ET LUDMILA NAMOLOVAN
L’instrument psychologique structure les processus naturels de pensée humains. Les instruments psychologiques sont des élaborations artificielles qui servent les comportements de l’individu dans son rapport à lui-même et aux autres. C’est un moyen de développement personnel et professionnel. Vygotski donne quelques exemples d’instruments psychologiques : le langage, les diverses formes de comptage et de calculs, les moyens mnémotechniques, les œuvres d’arts, les schémas, les diagrammes, les cartes, les plans, tous les signes possibles.
Le concept « d’instrument psychologique » introduit par Vygotski (1934) puis repris par Engeström (1987) ou Rabardel (1997) permet d’étudier les ressources construites par les sujets associés à l’utilisation des artefacts culturels présents au sein de leur environnement.
Wartofsky considère les artefacts (outils et langage) « comme étant des objectivations des besoins et des intentions humains ; c’est-à-dire comme déjà investis d’un contenu cognitif et affectif. L’outil est appréhendé à la fois dans son utilisation, et dans sa production, dans une perspective instrumentale, comme quelque chose destiné à être fait pour et employé selon un certain but » (Wartofsky, 1979, p.204).
Pour Rabardel (1995), les situations d’activité instrumentée sont caractérisées par « l’insertion, par le sujet d’un ou (plusieurs) instruments dans son activité ».
L’instrument, d’après l’auteur, est une entité mixte constituée d’un artefact (objet transformé par le sujet) et de schèmes d’utilisation qui y sont associés. L’artefact peut-être matériel ou symbolique, produit par l’utilisateur ou par d’autres.
Rabardel (1995) tente ainsi d’articuler le concept de schème proposé par Piaget et Vergnaud et celui d’instrument psychologique proposé par Vygotski.
Le développement professionnel peut-être ainsi étudié en fonction de l’évolution des instruments psychologiques, au sens de Rabardel, construits et mobilisés par l’acteur professionnel en situation d’activité finalisée.
La notion « d’instrument psychologique » s’appuie sur la thèse de la psychologie russe concernant la genèse sociale des fonctions psychiques des sujets. La transformation psychique des acteurs se réalise à travers la médiation des différentes catégories d’outils forgés par la culture.
L’idée d’instrument psychologique, introduite par Claparède et développée par Vygotski, est adaptée de celle d’instrument dans l’analyse du travail. "Tout comme l’instrument de travail est un lien entre l’action du sujet et les objets matériels, qui structure profondément les relations qu’entretient le sujet avec les objets, l’instrument psychologique structure les processus naturels de pensée humains" (Vergnaud, 2000 : 33).
Vygotski donne quelques exemples d’instruments psychologiques : le langage, les diverses formes de comptage et de calculs, les moyens mnémotechniques, les œuvres d’arts, les schémas, les diagrammes, les cartes, les plans, tous les signes possibles. "L’instrument technique modifie le processus d’adaptation en déterminant les formes des opérations de travail" (Vygotski, 1934/1985). Les instruments psychologiques sont des élaborations artificielles qui servent les comportements de l’individu dans son rapport à lui-même et aux autres.
Dans un autre texte également daté de 19302, Vygotski remplace le terme de symbole par celui d’instrument psychologique. Entre l’instrument technique et l’instrument psychologique, il y a, dit-il, une analogie, c’est-à-dire identité et différence : si l’un et l’autre permettent le contrôle des processus naturels, il existe une différence dans leurs orientations. Alors que l’instrument technique est tourné vers l’objet et le transforme, l’instrument psychologique est tourné vers soi et exerce son influence sur le psychisme propre.
Vygotski donne une liste, aujourd’hui connue, d’exemples d’instruments psychologiques :
« Le langage, les diverses formes de comptage et de calcul, les moyens mnémotechniques, les symboles algébriques, les œuvres d’art, l’écriture, les schémas, les diagrammes, les cartes, les plans, bref tous les signes possibles. » (Vygotski 1930/1985b, p. 39)
Nous voyons en conclusion qu’il faut concevoir le processus d’hominisation comme un mouvement d’inversion dans l’ordre des dépendances entre les déterminismes biologiques et les déterminismes sociaux. L’évolution naturelle a certes préparé sous la forme de la station verticale, de la libération de la main, du développement du cerveau etc. le développement socio-historique, mais ce dernier obéit désormais à ses propres lois et modifie en retour nos organes biologiques. Jamais, note Vygotski, la main et le cerveau ne se sont développés aussi rapidement qu’au cours de la période historique du développement humain.
Les indicateurs de développement professionnel
Introduction Le développement professionnel est un thème très présent dans les écrits scientifiques et professionnels et dans les instances de formation initiale et continue mais ses définiti...