Série de livres (ebooks) sur l'apprentissage et la formation des adultes et des jeunes, issus de cours et recherches universitaires sur l'apprentissage et la formation initiale et continuée. ZeLezard-edit (coll. Le Lézard en conversations)
Ce texte sur l'accompagnement des adultes en formation constitue un éclairage pour les étudiants, une proposition de formation et de réflexion pour les formateurs. Il est conçu à partir d'un dialogue fictif en questions-réponses sur l’apprentissage, la pédagogie, la formation spécifique des adultes, l’accompagnement, l’étayage de la conceptualisation, les objectifs et les techniques pédagogiques, les écrits réflexifs et l’évaluation, etc. La lecture de ces dialogues permet à chacun de prendre position sur l'acte de faire apprendre et l'acte d'apprendre, en rédigeant son journal des apprentissages, qui est une activité proposée pour cheminer dans la conceptualisation (un glissement dans la conceptualisation). Le journal des apprentissages est un outil de débriefing et de développement de connaissances personnelles à mettre en oeuvre pour soi-même et à s'approprier dans les groupes de formation (en présentiel comme en distanciel). Il conclut une formation qui consiste toujours à amener un groupe d'apprenants d'une situation initiale à une situation projetée, d'accompagner les adultes dans la construction de savoirs ou compétences et attitudes, participant toujours de la transformation des représentations initiales en représentations souhaitées de type scientifique ou technique. Ce texte est issu de mes cours en formation de formateurs et ingénierie de formation, donnés à l'université pendant une dizaine d'années.
Cet ouvrage est une compilation de vingt ans de recherches (2002-2022) dans le domaine de la compréhension du travail enseignant, de ses organisateurs essentiels, des gestes employés en classe et plus précisément de la médiation en étude de la langue et de la géométrie avec les utilisations d'artefacts et de facilitateurs pour faire apprendre les élèves. Dans une perspective de professionnalisation, il s’agit de tenter de comprendre le phénomène d’enseignement-apprentissage et de conceptualisation, pour former les nouveaux enseignants comme développer de nouvelles compétences chez les experts. C’est aussi tenter d’utiliser, voire d’hybrider dans le monde scolaire les outils ergonomiques des sciences du travail avec les sciences didactiques pour essayer de tirer quelques leçons de métier à transmettre. Bien sûr, ce ne fut pas une entreprise aisée, elle fut parfois incertaine, chaotique, toujours chronophage mais passionnante. On peut observer un certain nombre d’allers retours, de tâtonnements, voire d’imprécisions ou de redites dans la compilation de ces textes. Toutefois n’est-ce pas le propre de la recherche ?
Cette contribution s’intéresse aux détails de l'alimentation réunionnaise pour y observer un marqueur identitaire, fondateur d'une autre manière de comprendre le métissage. Être métis n'est pas nécessairement la somme de plusieurs influences identitaires, mais bien davantage la « fusion » de certaines parties de ces influences en un tout. Être métis sur l'île de La Réunion est à la fois être indien, malgache, chinois, africain et européen à sa façon dans une unité, un « tout-monde » unifié dans un creuset réunionnais, dont nous retrouvons la parfaite illustration dans la cuisine et l'alimentation réunionnaise. Cette intraculturalité de type insulaire dépasse vraisemblablement l'océan indien et se retrouve dans des contrées aux successives vagues de migration, dont l'aspect relativement récent laisse des traces. De nouvelles perspectives éducatives sont à discuter entre pédagogie de l’annulation ou de la compensation avec la prise de conscience d’une identité « tout-monde », ou « diversalité ».
Mots-clefs : identité, intraculturel, anthropologie, pédagogie, éducation
Abstract : This contribution focuses on the details of Reunion food to observe an identity marker, founder of another way of understanding interbreeding. Being Métis is not necessarily the sum of several identity influences, but much more the “fusion” of certain parts of these influences into a whole. To be mixed-race on the island of Reunion is to be Indian, Malagasy, Chinese, African and European at the same time in its own way in a unity, a unified "all-worlder" in a Reunion melting pot, of which we find the perfect illustration in the Reunion cuisine and food. This island-type intraculturality probably goes beyond the Indian Ocean and is found in countries with successive waves of migration, whose relatively recent appearance leaves traces. New educational perspectives are to be discussed between pedagogy of cancellation or compensation with the awareness of an “all-world” or “diversity” identity.
Keywords: identity, intracultural, anthropology, pedagogy, education
Le métier d’artiste peintre repose sur des savoirs et savoir-faire. L’imagination et la sensibilité personnelles ne sont pas tout. Des règles de métier et des savoirs, notamment picturaux, plastiques, optiques, géométriques régissent le travail du peintre. L’existence de règles de métiers, d’une organisation du métier, de schèmes opératoires font qu’être un artiste-peintre est une profession comme une autre. Une intelligence professionnelle est à l’œuvre pour créer un tableau entre singularité stylistique du peintre et généricité de l’activité autour de quelques concepts organisateurs que nous avons tenté d’appréhender selon une méthodologie d’observation et de traitement nécessairement redéfinie. Cela nous a conduits à appréhender l’intelligence d’un « savoir combiner » chez l’artiste peintre une intelligence adaptative avec une intelligence créative, à l’origine du concept pragmatique de « hasard dirigé ». Autant d’éléments pour étayer des activités de formation à la peinture…
Interroger les professeurs sur leurs préoccupations engage du développement professionnel, au moyen de conversations d’autoconfrontation permettant d’analyser le travail enseignant. Notre étude révèle un tas de petites « choses » qui vont de l’invention de procédures, au réaménagement de règles du métier, de la prise de conscience de « manières » de faire jusqu’à la construction « implicite » de modèles cognitifs, sur l’exercice du métier. Ces modèles sont fortement marqués par des choix personnels, effectués à partir d’un jugement pragmatique sur la situation travail conduisant à des décisions en considération d’un principe d’efficacité. Ce jugement relève de « ce qui compte vraiment » pour les enseignants, actualisé dans l’action du sujet en situation de « faire la classe » selon les conditions du contexte. Se préoccuper des préoccupations visant une efficacité de l’apprentissage, une efficacité de la conceptualisation d’objet de savoir par les élèves participe de la professionnalisation des enseignants au moyen de la constitution d’un inventaire professionnel de leur « faire ». C’est faire œuvre de formation pour les enseignants qu’il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer et de défendre.
Cet ouvrage reprend en partie des extraits de publications précédentes qui ont été enrichies. Notre objectif est de participer aux débats sur la professionnalisation des enseignants d'enfants et des formateurs d'adultes qui se retrouvent sur la question vive de l'acte de faire apprendre. C'est une préoccupation qui nous a poursuivis pendant nos années de formateur de l'école maternelle à l'université: comment faire efficacement apprendre et s’assurer que l’apprentissage entendu comme conceptualisation d’objets de savoir s’est bien déroulé. Cette question nous a conduits à une investigation théorique et pragmatique. Nous avons vu qu'une cohérence se dégage à la lecture des situations de formation entre généricité et singularité. Ce qui nous a permis de modéliser une forme de boussole de gestes de classe qui guide les ajustements de l’activité en classe, qui permet des diagnostics, des élucidations et des remédiations idoines des situations de classe instables et complexes.
Lévi-Strauss écrivait en 1999 : « le savant n'est pas celui qui fournit les vraies réponses : c'est celui qui pose les vraies questions ». Il est vrai que toute l’aventure de recherche commence avec la question de départ. Celle-ci définit le thème de la recherche, son objet d'étude, un champ d'analyse sociologique, historique ou psychologique, ergonomique. Tout part d’un constat sur un phénomène et de la motivation pour le comprendre, voire le résoudre. C’est le moteur même de la recherche qui envahit celui dont le désir est de trouver une solution, une explication, une donnée qui apporte quelque chose de nouveau. C’est une véritable aventure intellectuelle que l’on peut croquer avec gourmandise.
Ces conversations sont issues de nos cours universitaires effectués en master dans le cadre de « l’initiation à la recherche par la recherche », où nous y accentuions une focale analyse de l’activité de travail. Plus ou moins à bâtons rompus, ces conversations visent à faire ressortir les aspects d'aventure intellectuelle comme la construction intellectuelle mobilisée. En espérant vous motiver et vous offrir quelques outils à s'approprier; que ces conversations vous fassent déboucher sur de belles aventures... et réfléchir le monde tel Atlas que nous avons pris plaisir à peindre...
Nous partons du constat de l'existence d'une croissance galopante des savoirs scientifiques, un accroissement constant de nouveaux savoirs, savoir-faire et savoir-être à enseigner, propre à une société aux évolutions spectaculaires, avec en parallèle la création de « yaltas » dans les têtes des écoliers avec des compartimentages disciplinaires excessifs que les départements universitaires entretiennent avec ardeur. Ils préfèrent diviser que valoriser les points de rencontre susceptibles de réviser un enseignement qui regarde dans de nouvelles directions, vers de nouvelles épistémologies, vers des concepts-clés ou des nœuds disciplinaires, des macros concepts hybrides, qui rassemblent des enseignements dispersés, donnent du sens et du sang neuf à l'école. Englobants, ces néo-concepts sont porteurs d'une interdisciplinarité redéfinie, d'une montée en abstraction plus forte et d'un potentiel favorable de transfert dans d'autres domaines, comme de compréhension du réel. La reprise de notre étude approfondie sur les articulations entre les disciplines (DEA) de 1997 demeure toujours plus d'actualité. Sans prétendre résoudre la problématique épistémologique et didactique, lançons le débat. Conversons-en. Comment arriver à tout enseigner ? Faut-il trier le neuf de l'ancien, l'essentiel du superflu ? Remet-on en cause l'homme cultivé en faveur d'un homme techniciste ? Faut-il se contenter de faire apprendre des notions de base considérées comme absolument indispensables ? Ou bien faut-il envisager un enseignement fondé sur la logique de « macro-concepts » ou de champs conceptuels intégrateurs et intégrés à diverses disciplines académiques ? Une articulation entre les concepts et les disciplines, réfléchissons-y...
Yalta et sa conférence sont devenus - un peu à tort - un synonyme de partage en zone d'influence, de partage du monde, de séparation de territoires, après la seconde guerre mondiale.
Faites vos classes, c’est comme faire ses classes dans l’armée, y acquérir quelque chose. Pour nous, c’est plutôt un vilain jeu de mots, faites vos jeux, rien ne va plus. Oui, car rien ne va plus à mon avis. (...) Malgré les colloques, les rapports, les réformes, la transformation judicieuse de la formation des enseignants est un éternel recommencement. Transformer les instituts en véritable école professionnelle à l'instar des écoles d'ingénieurs, d'administration, de médecine ou d'architecture semble toujours un impensable, qui va à l'encontre de ce nous disent les sciences du travail sur le développement de compétences, la professionnalisation et l'entrée dans le métier. (...) Conséquemment, les enseignants sont amenés à se former entre eux, avec des collègues dans le meilleur des cas, ou en autoformation avec les livres, les médiathèques et de nos jours l’internet qui présente le meilleur et le meilleur du pire ! Alors, faites vos classes, dans celles de vos collègues, en co-animation, en co-préparation et co-évaluation. Faites vos classes en suivant des boussoles à disposition, vos jugements pragmatiques, un bon sens qui vise l’efficacité et malgré tout un zeste de formation qu’on découvre ici ou là, de façon parfois inattendue. Filmez-vous, regardez-vous, faites discuter de vos prestations de classe dans un esprit constructif. (...) Cet ouvrage compile plusieurs contributions au fil d'une vingtaine d'année de préoccupations personnelles sur le formation des enseignants. Et cette question n'est vraisemblablement pas épuisée...
Cette contribution sur l'apprentissage constitue une proposition de formation pour les formateurs-enseignants. Reprenant une partie d'anciens cours universitaires, elle est conçue à partir d'un dialogue en questions-réponses. Elle permet à chacun de se positionner par rapport aux questions posées par un interlocuteur imaginaire sur l'acte de faire apprendre et l'acte d'apprendre ; et d'en discuter dans son journal personnel des apprentissages : un outil de débriefing et de développement des connaissances à mettre en œuvre pour soi- même et à s'approprier pour ses groupes de formation en présentiel ou en distanciel. Apprendre et enseigner recouvrent une même réalité : si l’élève apprend, l’enseignant enseigne. Mais à nos yeux, tout l’essentiel se joue avec les actes de manipuler, percevoir, catégoriser, déduire, raisonner, mémoriser, comprendre qui traversent toutes les disciplines d’apprentissages. Ce qui nous amène à préférer les termes d’apprendre et faire apprendre afin de se situer clairement dans le champ des pédagogies de l’apprentissage. Une question nous taraude : à enseignant, ne conviendrait-il pas de substituer le terme d’appreneur (en miroir au terme apprenant largement usité) ? C’est un mot renvoyant à « entrepreneur en apprentissage ». Le concept d’apprentissage repose sur le principe de la plasticité cérébrale qui permet la reconfiguration des neurones et réseaux neuronaux au cours de toute expérience de vie, situation d’apprentissage, et perception de stimuli externe. C’est parce que la structure cérébrale est plastique que l'individu peut apprendre, acquérir des savoirs, développer des compétences, et améliorer les fonctions exécutives qui permettent de penser et agir. L’apprentissage est une projection, un projet d’avenir. L’apprentissage est une possibilité partagée pour tous au regard du principe d’éducabilité ; s’y ajoute le principe de liberté qui exprime que tout être humain est éducable, dans le respect de sa liberté et de son potentiel d’apprentissage. Il convient dès lors que l’enseignant ou le formateur crée les conditions pour que l’apprenant apprenne par lui-même tout en entretenant du « désir » d’apprendre. C’est pourquoi le formateur a tout intérêt à rendre vivant les nouveaux savoirs, à prendre la posture d’un explorateur des savoirs, emmenant les apprenants dans cette exploration des savoirs. Le principe est de mettre l’apprenant dans la peau du savant qui a trouvé une idée géniale en la lui faisant redécouvrir, ou dans la peau d’un professionnel qui a développé des compétences techniques à faire redécouvrir. C’est toute l’aventure de la conquête des savoirs ! Le professionnel du faire apprendre possède une vraie expertise de l’agencement didactique, de l’accompagnement dans la construction des savoirs et la participation cognitive des apprenants, leur conceptualisation, leur évaluation, leur transfert et réinvestissement sur des terrains professionnels ou autres. C’est un métier technique et empathique, tourné vers autrui et à son service. C’est pourquoi le formateur a tout intérêt à devenir à la fois enseignant et chercheur des manières les plus pertinentes de faire apprendre et comprendre. Depuis le modèle de la transmission de connaissances par l’enseignant avec des élèves en nombre et passif, passant par le modèle béhavioriste qui produit du conditionnement, de l’automatisation jusqu’au modèle constructiviste induisant un élève réflexif, sociable et acteur de son apprentissage, le professeur peut jouer de plusieurs gammes et inventer sa manière de procéder. L’important nous semble de s’assurer que les apprenants forment bien des concepts significatifs pour eux, qui seront utiles, enrichissant leurs ressources personnelles. N’est-ce point au fond l’enjeu de tout apprentissage : s’enrichir cognitivement ?
L’apprentissage est une activité opaque qui demande en bien des cas des indices sur son déroulement effectif et des étayages probants. C’est ainsi qu’il semble que le glissement dans la conceptualisation (ou glissement conceptuel) est un levier pour apprendre et faire apprendre, car il permet de soutenir le travail de l’apprenant, tout en captant des observables d’apprentissage, au moyen de procédures comme le discours d’explicitation ou le journal des apprentissages. Car l’objectif est bien la formation de concept par les élèves, les étudiants ou les adultes en formation continue qui doivent derrière des tâches scolaires saisir leurs significations, c’est-à-dire s’interroger sur la tâche (support à apprendre) et l’objet de savoir (la visée de l’apprentissage). C’est un moyen de conscientiser et objectiver le savoir à apprendre. La posture « seconde » que les apprenants sont appelés à ainsi adopter est une « clé de réussite » pour apprendre et faire apprendre, sachant qu’apprendre, c’est comprendre.
Nous reprenons dans cet ouvrage nos travaux de recherches que nous condensons dans un jeu maïeutique de dialogue de classe de formation fictif, et que nous schématisons avec quelques figures explicatives. Nous concluons ce livre avec un état de nos publications qui sont résumées… dans l’attente d’autres développements à venir dans de nouvelles versions de cet ouvrage. Nos travaux de recherche se poursuivant…
L'étude de la langue ne fait pas consensus. L'école semble en perpétuelle tension entre la maîtrise du système et la maîtrise de son utilisation, entre une vision purement utilitaire de la grammaire et une vision plutôt réflexive sur la langue que chacun parle. Ces deux projets ne coïncident pas nécessairement dans les pratiques de classe. C'est bien parce que nous faisons tous dès le plus jeune âge de la grammaire sans le savoir qu'il est possible de comprendre l'étude de la langue comme une analyse de la pratique de la langue, de sa langue. Par ailleurs, l'étude de la langue ne jouit pas d'emblée d'une envie d'apprentissage. Pour certains, c'est une pratique ennuyeuse, peu significative, répétitive... Le retour sur investissement de l'étude de la langue dans l’écriture de texte ou le discours oral n’est pas non plus toujours probant. Chacun cherche à tirer son épingle du jeu au mieux pour enseigner avec astuce une discipline compliquée qui fait débat, parce que c'est une discipline scolaire qui n'est pas scientifique et qui manque de stabilité, d'assise, de cohérence.
Et si chacun devenait l'auteur de sa grammaire, apprenait de manière critique un code partagé et nécessaire à respecter tout en sachant bien s'en distancier pour également mieux l'apprivoiser. Chacun peut apprendre à respecter une grammaire et inventer de nouvelles propositions formelles et théoriques à débattre, à la fois comme usager et acteur créateur... Conversons-en, étudions et réfléchissons à l'apprentissage d'une grammaire renouvelée...