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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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Le journal des apprentissages est un cahier dans lequel les apprenants (élèves et adultes en formation) indiquent par écrit le processus et le contenu de leurs apprentissages. Il participe de l’élaboration d’un temps de débriefing ou d’entretien d’explicitation (termes empruntés à l’ergonomie) sur les apprentissages effectués.

Ce journal est personnel, mais il peut fournir quelques informations au formateur sur la cognition de l’élève : ses représentations, ses difficultés, son cheminement... devant un objet de savoir enseigné. Ce journal d’apprentissage est communicable à la classe et peut devenir objet de débat argumentatif et moyen pour le formateur de prise d’information sur l’apprentissage en mouvement chez l’apprenant, et pour l’apprenant, un outil métacognitif, une mise en mot pour mieux interroger et penser les objets scolaires de savoir et in fine un outil pour mieux apprendre...

Les objets à apprendre (qui sont des objets à enseigner) sont des objets à interroger par les apprenants. C’est ici qu’apparaît le phénomène didactique de secondarisation.

Secondariser, c’est pousser plus avant les apprenants, les conduire à ne pas rester aux traits de surface de la tâche scolaire (relier des segments, calculer, remplir des trous...) mais à adopter une finalité supérieure, une intelligence supérieure de la tâche scolaire grâce à une décontextualisation de l’objet de savoir. Il faut amener les apprenants à sortir de leur conjoncturalité les objets scolaires (cf. les genres littéraires de Backtine) afin que ces mêmes objets travaillées dans les classes deviennent des objets d’interrogation, tout simplement des objets sur lesquels exercer une pensée.

L’adulte en formation doit penser l’objet de savoir qu’il traite, hors du contexte des opérations qu’il a produit dessus, qui ne sont que des passerelles pour l’appréhender, pour le saisir dans sa dimension immatérielle.

Penser l’objet conduit alors à le faire transiter de sa fonction naturelle d’usage à une dimension d’objet. Et c’est l’objet qui doit être compris et assimilé. Ainsi, il ne s’agit pas d’effectuer des divisions pour les divisions ou une version latine pour une version latine, ou encore une segmentation de phrase pour une segmentation de phrase. L’enjeu est ailleurs : il est épistémique. Dans un cas, il touche des aspects par exemple de partage des quantités, dans l’autre, d’analyse de fonctionnement de la langue. La version latine ne s’arrête pas à l’histoire de Jules César mais vise les compétences d’analyse de la phrase et de transposition. Derrière la tâche scolaire, il y a nécessairement un acte de pensée sur l’objet enseigné. Seule condition pour qu’il devienne un objet appris. Or, cette condition n’est pas automatique ; c’est une attente la plupart du temps implicite chez les enseignants. Nullement un comportement avéré chez beaucoup d’apprenants (cf. Bautier & Goigoux). C’est ici que peut intervenir le journal des apprentissages : un instrument pour conduire tous les apprenants à penser les objets de savoir, un outil pour le maître afin de s’en assurer. 

Le Journal des Apprentissages est un instrument personnel pour l’apprenant. Il répond à un certain nombre de questions qui sont des jalons. Il n’est pas un document à évaluer par le formateur, mais un outil de prises d’information. Ces informations sont des leviers pour le formateur afin de relancer ou remanier un apprentissage dans la journée de classe. Ou un moyen de s’informer sur la cognition d’un apprenant : ses capacités, ses difficultés, les malentendus face à un objet à apprendre. Pousser l'adulte en formation à penser l’objet enseigné par une mise en mots aussi imparfaite soit-elle est une opportunité pour comprendre sa pensée en mouvement, son processus d’apprentissage et du coup opérer la mise en place d’un dispositif de remédiation personnalisée.

Pour résumer, il convient de faire en sorte que les apprenants exercent des activités de pensée sur les objets à apprendre qu’ils doivent manipuler. C’est faire transiter l’objet scolaire en objet d’interrogation pour qu’il devienne un objet de savoir appris. Le journal des apprentissages peut être le véhicule de cette transition...

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