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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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LECON TYPE : LE REFUS DU RACISME

Les objectifs de la séquence : A l’issue de cette séquence je suis capable de définir
le racisme, de donner des exemples de discriminations racistes vécues au quotidien, d’expliquer en quoi il constitue une discrimination, de citer les grandes étapes de la lutte contre le racisme...

Texte introductif : Le racisme, c’est croire qu’il y a des hommes supérieurs à d’autres. On devient raciste parce qu’on a peur de ce qu’on connaît pas. Cependant, tous les hommes appartiennent à l’espèce humaine : il n’y a pas de races, ou plutôt il y a 6 milliards d’êtres différents. Apprendre à ne pas être raciste, c’est connaître, tolérer et accepter les différences des autres. On ne naît pas raciste, on le devient. Afin de ne point détester les autres personnes qui nous sont différentes, il convient d’apprendre à les connaître. Le racisme repose sur une catégorisation erronée de l’espèce humaine, ainsi que sur un ensemble d’idées fausses.

Étude d'illustration :

1-Des différences au quotidien : planches de photographies présentées aux élèves,

Observez les dessins. Quels sont les messages ? Qu’en pensez-vous ? autres photographies.

Relevez les insultes et les préjugés. Connaissez vous d’autres termes insultants ou dévalorisants les étrangers ?

Texte à commenter :

2-Témoignages, des faits et des gestes...

"Chaque année, La Commission consultative des droits de l’homme publie un rapport sur l’état du racisme et de la xénophobie* en France. Elle cite ses sources : les services de police, chargés de recenser les actes racistes commis. À noter que les faits et chiffres présentés ne reflètent qu’une partie de la réalité toutes les victimes ne déposent pas plainte, et il n’y a pas toujours de témoins...

Tour d’horizon :
Un homme marche dans La rue. Deux ou trois autres surgissent, le rouent de coups ou lâchent leur chien. Scénario banal des violences racistes avec homicide ou blessures. Par rapport à la flambée de 1995, leur volume diminue. 4 blessés "seulement" en 1996, mais un total de 10 morts et de 162 blessés depuis 1990... Point commun à toutes ces actions : leurs auteurs proviennent presque toujours des milieux d’extrême droite, et s’équipent d’une nouvelle arme le chien pitbull...
Dans 3 cas sur 4, La violence raciste vise de plus en plus les Maghrébins, notamment en Corse, où 21 actes ont été recensés en 1996 agressions, tentatives de meurtre, destruction de véhicule, attentat à l’explosif...
195 actes d’intimidation ont été recensés en 1996. Cela va du tract insultant au molestage d’un contrôleur du travail, à qui l’employeur contrôlé reproche ses origines africaines, en passant par l’obligation, faite sous la menace d’un couteau à un Sénégalais, de sauter dans une fosse de décantation. Depuis 1991, plus de 1 200 de ces actes "qui blessent sans laisser de blessures" ont été recensés.
Colis piégés adressés à des membres de la communauté juive, cocktails molotov lancés sur des synagogues : la violence antisémite* régresse mais porte, sur six années, à 74 le nombre des violences commises. Les menaces ont augmenté en 1995 et 1996, avec près de 90 faits recensés par an.
Le réseau mondial informatique Internet offre une nouvelle tribune à la propagande raciste pour ceux qui nient l’existence des chambres à gaz dans Les camps nazis. Mais les fournisseurs d’accès à Internet mis en cause dégagent toute responsabilité, arguant du caractère international du réseau... Autre forme de racisme : les injures et violences verbales que lancent trop souvent de nombreuses personnes dans leur langage quotidien. Pour les auteurs du rapport, si la violence raciste diminue, la haine des étrangers augmente. Une impression nourrie par les résultats d’un sondage qui montre que "La France est travaillée par un courant xénophobe qui s’exprime de plus en plus ouvertement. Par exemple, certaines municipalités refusent d’inscrire des enfants étrangers dans leurs écoles, bien que cela soit illégal." Article paru dans "Les clefs de l’Actualité", mars 1998

Questions :

1-Quel organisme est chargé de recenser les actes racistes en France ?

2-Pourquoi les gens ne déposent-ils pas plainte ou n’y a t-il pas de témoins ?

3-A quel milieu les auteurs de violences racistes appartiennent-ils ?

4-Quel genre de violence commettent-ils ?

5-Connaissez-vous d’autres situations de violences racistes ? des insultes ? des actes ? Et qu’en pensez-vous ?

6-Quelle est la situation en France du racisme, de la violence raciste ?

7-Quel nouvel outil est apparu pour la propagande raciste ?

8-Comment peut-on définir le "racisme" ? Que pensez-vous des racistes et des théories racistes ?

3-Vers une société non raciste :

Discours de Monsieur JOSPIN Dépêche AFP/Samedi 18 Mars 2000 : "JOSPIN renforce la lutte contre les discriminations raciales" "Le premier ministre Lionel Jospin a annoncé samedi une série de mesures renforçant la lutte contre les discriminations raciales, à l’issue des Assises de la Citoyenneté tenues à la Grande Arche de la Défense, auxquelles ont participé sept ministres et sept cents jeunes des banlieues. M. Jospin a notamment annoncé la création d’un numéro vert, sur le modèle de ceux qui existent déjà au niveau départemental "disponible dès la fin du mois d’avril", qui "permettra de répondre individuellement aux jeunes touchés par des discriminations" en les "aiguillant vers le service ou l’association qui pourra mieux l’accompagner". Pour "sanctionner plus efficacement les discriminations", il a annoncé un aménagement de la charge de la preuve, en matière de droit du travail et de logement, ce que demandaient les associations concernées. "Ce ne sera plus au plaignant d’apporter la preuve de la discrimination. Il reviendra désormais au juge de l’apprécier d’après les pièces du dossier", a dit le Premier ministre. (...) Le texte permettra aussi de réprimer les discriminations à l’encontre des étudiants recherchant des stages en entreprise (...) Le premier ministre a aussi indiqué qu’une "charte d’accueil des jeunes dans les discothèques" serait signée "avant la fin du mois d’avril" entre l’État, les professionnels et les associations. (...) En revanche, le Premier ministre n’a pas accédé à la demande des associations de créer une "autorité administrative indépendante", chargée de recueillir les plaintes des jeunes victimes de discrimination. (...) les jeunes ont décliné tous les problèmes de discrimination vécus, ont-ils dit, comme des "violences", un "viol", a dit l’un d’eux.(...) Ils ont abordé à plusieurs reprises une question sensible, non évoquée par le Premier ministre, du droit de vote des étrangers aux élections locales, et de la place des Français d’origine immigrée dans la vie politique.

Les étrangers ont obtenu progressivement des droits, mais... Texte de l’UD STOP RACISME 87

COMMENTAIRE DIRIGE :

Restituez les thèses majeures du texte ci-dessus.
Quels sont les faits marquant un retour du racisme en France ? Quels en sont les causes d’après les auteurs du texte ?
Quelle est leur analyse de la situation politique face aux questions de racisme ? Craignent- ils un retour de l’ordre moral ? Lequel ?
Que répond le gouvernement aux problèmes liés au racisme ? Comment les personnes pourront-elles se défendre du racisme et faire valoir leurs droits ? Comment les jeunes de banlieue vivent-ils les problèmes de discrimination ? Qu’en pensez-vous ? Argumentez.


Le savez-vous ? (à discuter en classe)
 

Les "races" humaines n’existent pas ! Les théories racistes font l’amalgame entre les différences visibles entre les différents groupes humains et leur différence biologique.
Elles prétendent une totale correspondance entre l’aspect physique et le code génétique des individus. Or, diverses études scientifiques prouvent que tous les êtres humains ont
les mêmes ancêtres, et le même système génétique. C’est par ailleurs cela qui permet de pratiquer des transfusions sanguines entre individus du même groupe sanguin, quelle que soit la couleur de peau. Nous savons aussi qu’il y a plus de ressemblance génétique entre un français et un camerounais, et de dissemblance génétique entre un français et un suédois. Toutes les tentatives scientifiques de classement génétique des humains par races n’ont jamais abouti. . La variété des patrimoines génétiques est par contre infinie.

Couleur de peau couleur pays : le corps humain s’est adapté à son environnement...  Les lieux de vie ont influencé au fil des millénaires la couleur de peau des hommes. La pigmentation foncée protège contre le fort ensoleillement des régions tropicales. Par contre, les peaux claires des régions nordiques sont mieux à même pour fabriquer la vitamine D, dont le corps a besoin, à partir des faibles rayons de soleil.
Les idées fausses sur l’immigration :
les immigrés envahissent le pays : faux
ils font la baisse du niveau scolaire : faux
les étrangers nous prennent des emplois : faux
les étrangers coûtent cher à la collectivité : faux.

Infos civiques :

Martin Luther King ou le rêve assassiné. 1er Décembre 1955 à Montgomery (Alabama, usa) ; une passagère noire monte dans un autobus et s’assied à l’avant, une partie habituellement réservée aux blancs. Les noirs viennent ainsi d’entamer la lutte pour l’égalité des droits civiques. Le pasteur noir Martin Luther King devient un des leaders du mouvement.
Il expose dans un discours célèbre son rêve de voir naître un monde de liberté et de
justice pour tous. Pour Luther King, le problème noir est non seulement une scandaleuse ségrégation raciale qu’un problème social. Alors qu’éclatent des émeutes, il prépare une grande marche des pauvres sur Washington. Le 4 avril 1968, un tueur blanc l’assassine. Et avec lui, un rêve de paix et de justice. De nos jours, Noirs et Blancs sont égaux... du moins dans les textes.

Le racisme, interdit par la loi.Tenir des propos racistes est un délit. La loi du 1er Juillet 1972 interdit toute "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, en raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée". Ainsi peut- on porter plainte si l’on a été victime de propos racistes, et obtenir réparation. Ce droit est ouvert aux individus, mais aussi aux associations antiracistes qui ont le droit de se porter partie civile. Les refus de vente, d’embauche sont également réprimés lorsqu’ils sont fondés sur des motifs "raciaux".

L’Europe de Schengen : La convention de Schengen organise la libre circulation des individus à l’intérieur de l’Europe et prévoit la suppression progessive des contrôles aux frontières. Elle restreint, par ailleurs, l’accès des non-Européens, notamment pour les demandeurs d’asile qui ne peuvent déposer leur demande que dans un seul Etat. L’application de cette conention de l’Union Européenne met en évidence les différences entre les divers pays d’Europe au sujet des politiques d’immigration. Certains redoutent que l’harmonisation des législations européennes en la matière ne s’opère "par le bas" avec une fermeture de plus en plus rigide des frontières extérieures à l’Europe. Cette mesure allant à contre-courant de la mondialisation des flux en général, des flux de population, d’économie et d’information en particulier...

Auto-Evaluation

Citez un exemple actuel de discrimination raciste :

Présentez quelques exemples de discriminations racistes implicites :

ENQUÊTE :

Recherchez dans la presse quotidienne des faits et gestes racistes.
Recherchez des documents sur l’esclavagisme, forme aggravée de discrimination raciste.

VOCABULAIRE :

RACISME :

EXCLUSION :

DISCRIMINATION :

SÉGRÉGATION :

APARTHEID :

PROLONGEMENT, étude de la bande dessinée distribuée par la Communauté Européenne...

AUTRE PROLONGEMENT :élaboration d’un shéma sur les chemins de l’intolérance...

CONSEILS PÉDAGOGIQUES : -Objectifs pédagogiques :

1- Travail sur la terminologie : vocabulaire d’usage courant / insultes/expressions dévalorisant les étrangers
2- Caractériser le racisme :
— > emploi de certains termes insultants
— > attitudes, cas de discrimination
— > actes d’agression subies par les étrangers dans certains pays et même en France — > recul par rapport aux termes, situations
3- Situation des étrangers en France (la législation)
— > étude comparée entre divers pays...
4-Eléments d’information sur les mouvements antiracistes.

-Objectifs méthodologiques :

observation et lecture d’affiches
travail sur les différents niveaux de langage compréhension d’article de journal
lecture chronologique d’un mouvement revendicatif

-Objectifs complémentaires :

Possibilité de lier cette séquence en éducation civique avec un travail historique sur les diverses vagues d’immigration en France ; leçons de géo-politique, l’immigration dans le monde, leçons de SVT : génétique et racisme ?

-Déroulement de la séquence :

demander aux élèves d’observer et comparer les affiches et dessins de la page.
leur distribuer une feuille de papier sur laquelle ils noteront les différentes appellations, expressions, insultes et tournures péjoratives qu’ils connaissent. Travail anonyme. Rassembler les papiers et en dresser l’inventaire.
Classer ensuite les expressions et mots trouvés par niveaux de langage, l’enseignant pourra compléter les réponses. Réponses attendues : "bougnoule, sale arabe, chinetoque, etc ..."

Lecture silencieuse des textes. Puis poser les questions.
Travail individuel sur la chronologie, puis corrections, discussions
Lecture orale des différentes rubriques (dont "Le savez-vous ?), discussion avec le groupe classe
Recherche de définitions dans le dictionnaire.

PROLONGEMENTS POSSIBLES avec des projections de films documentaires ou de cinéma.

Ci-dessous à télécharger la leçon type, reprise par l'Acsé et une bibliographie pour s'informer...

LA BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE

Le Défenseur des droits lutte contre les discriminations, et favorise un égal accès de tous et toutes aux droits. Une discrimination est une inégalité de traitement fondée sur un critère interdit par la loi (sexe, âge, état de santé…) et dans un domaine cité par la loi (accès à un service, embauche…). A ce jour, 20 critères de discrimination (« critères prohibés ») sont fixés par la loi. Ainsi, défavoriser une personne en raison de ses origines, son sexe, son âge, son état de santé, ses opinions... est formellement interdit par la loi et les conventions internationales approuvées par la France.
Vous pouvez vous adresser au Défenseur des droits si vous vous estimez victime d’une discrimination, directe ou indirecte. L’auteur présumé de cette discrimination peut être une personne privée (un individu) ou publique (une association, une entreprise...).

La loi interdit toute distinction ou traitement inégal en raison de 22 critères :

- Sexe : Je gagne moins que mon collègue qui exerce un travail comparable.
- Origine : Je n’ai pas été embauché.e à cause de mes origines maghrébines.
- Grossesse : Je n’ai pas retrouvé mon poste à mon retour de congé maternité.
- Situation de famille : On ne m’a pas recrutée parce que je suis mère de trois enfants.
- Apparence physique : On m’a refusé un emploi d’infirmière en raison de ma petite taille.
- Patronyme : On m’a refusé un chèque en raison de mon nom à consonance étrangère.
- Lieu de résidence : On m’a refusé un entretien d’embauche parce que j’habite dans un département voisin.
- Etat de santé : On m’a refusé la prolongation de mon contrat car ma maladie risquait d’évoluer.
- Handicap : On me refuse la participation aux activités de mon école parce que je suis handicapé.
- Caractéristiques génétiques : On m’a refusé la souscription d’un contrat d’assurance car j’ai une pathologie héréditaire.
- Mœurs : On m’a refusé un emploi parce que je suis fumeur.
- Orientation sexuelle : On a refusé de me louer un appartement car je suis une femme homosexuelle en couple.
- Identité sexuelle  : Je suis une femme transgenre et je suis victime de moqueries quotidiennes de la part de mes collègues depuis que je leur ai demandé de m’appeler par le prénom féminin que j’ai choisi.
- Age : On m’a refusé un crédit immobilier en raison de mon âge.
- Opinions politiques : On m’a refusé une promotion en raison de mon engagement politique.
- Activités syndicales : Ma carrière n’a pas connu d’évolution depuis que je me suis présenté comme délégué du personnel.
- Appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une race, une nation : Le maire refuse l’inscription à l’école de ma fille parce que je suis rom.
- Appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion  : On m’a refusé l’accès à un cabinet dentaire à cause de mon voile.
- Perte d’autonomie : Mon fils est filmé dans la chambre qu’il occupe au sein d’une maison d’accueil spécialisée sans que j’ai donné mon autorisation.
- La discrimination à l’égard d’une personne en raison de sa particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique, apparente ou connue de son auteur. : On a refusé d’inscrire ma fille dans une école privée car je suis bénéficiaire du RSA.

Lexique spécifique

 

 Altérité
 En philosophie, l’altérité est le caractère, la qualité de ce qui est autre. C’est aussi la reconnaissance de l’autre dans sa différence, qu’elle soit ethnique, sociale, culturelle ou religieuse.

 Bisexualité
 Orientation sexuelle des personnes qui éprouvent de l’attirance émotionnelle, physique et/ou sexuelle aussi bien pour les femmes que pour les hommes. La bisexualité peut également être définie comme englobant les attirances envers les personnes quelles que soient leur identité de genre et leur sexe biologique. On parle alors aussi de pansexualité.

 Biphobie
 Attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes bisexuelles.

 Coming out
 Révélation de son homosexualité ou de sa bisexualité par la personne concernée. Cette révélation peut se faire à différents niveaux : familial, professionnel, social (loisirs, voisins, amis). Cette expression a été francisée à travers l’expression « sortir du placard ». Le coming out peut également concerner les personnes transidentitaires en désignant le fait de révéler son désir de vivre dans un genre différent de celui assigné à la naissance.

 Discrimination
 Le sens du terme « discrimination » est à l’origine neutre, synonyme du mot « distinction », mais il a pris, dès lors qu’il concerne une question sociale, une connotation péjorative, désignant l’action de distinguer de façon injuste ou illégitime, comme le fait de séparer un individu ou un groupe social des autres en le traitant moins bien.
 La discrimination peut être fondée sur la couleur de peau, les origines ethniques ou les appartenances sociales.
 Lorsqu’elle est fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, la discrimination comprend toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre qui a pour but ou pour effet d’invalider ou de compromettre l’égalité devant la loi, ou la protection égale devant la loi ou la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits humains et des libertés fondamentales. La discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre peut être, et est communément, aggravée par une discrimination fondée sur d’autres motifs tels que le sexe, la race, l’âge, la religion, le handicap, la santé et le lieu de résidence.

 Gay
 Homme qui est attiré émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres hommes. Depuis une trentaine d’années, le mot anglais gay s’impose aux quatre coins du monde et dans toutes les langues pour désigner les personnes homosexuelles. En France, il désigne spécifiquement les hommes homosexuels.

 Gayphobie
 Attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes gays.

 Genre
 Alors que le sexe est une donnée biologique relative aux différences entre mâle et femelle, le genre est une norme socio-culturelle et politique qui définit les composantes de la masculinité et de la féminité, notamment les rôles sociaux et les expressions de genre (habits, attitudes, etc). Le genre est porteur de rapports sociaux de pouvoir entre les catégories qu’il établit (entre hommes et femmes), et au sein même de ces catégories (par exemple, entre un homme dit “viril” et un homme dit “efféminé”, ou entre une femme au foyer et une femme d’entreprise). Au travers de tous ces éléments, le genre fournit ainsi le cadre à partir de laquelle se construit l’identité de genre.

 Hétéronormativité
 L’hétéronormativité peut se définir comme l’ensemble des normes qui font apparaître l’hétérosexualité comme cohérente, naturelle et privilégiée. Elle implique la présomption que toute personne est hétérosexuelle et la considération que l’hétérosexualité est idéale et supérieure à tout autre orientation sexuelle. L’hétéronormativité inclut également le fait de privilégier une norme d’expression des genres binaire qui définit ou impose les conditions requises pour être accepté-e ou identifié-e en tant qu’homme ou femme.

 Hétérosexisme
 Ensemble des attitudes, préjugés et discriminations en faveur de l’hétérosexualité, qui est alors établi comme seul modèle relationnel. L’hétérosexisme prétend qu’il est plus normal, moral ou acceptable d’être hétérosexuel-le que d’être gay, lesbienne ou bisexuel-le.

 Hétérosexualité
 Orientation sexuelle des personnes qui éprouvent de l’attirance émotionnelle, physique et/ou sexuelle pour une personne du sexe opposé.

 Homophobie
 Attitude, sentiment, malaise ou aversion envers les personnes homosexuelles ou envers l’homosexualité en général. Cette attitude se traduit souvent par des réactions de rejet, d’exclusion et d’hostilité. Les victimes en sont les homosexuel-le-s, mais plus largement, les personnes dont l’apparence ou le comportement dérogent aux représentations traditionnelles de la féminité et de la masculinité.

 Homosexualité
 Orientation sexuelle des personnes qui éprouvent de l’attirance émotionnelle, physique et/ou sexuelle pour une personne du même sexe.

 Identité de genre
 L’identité de genre est comprise comme faisant référence à l’expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chacun-e, qu’elle corresponde ou non à la catégorie de genre (homme/femme) assignée à la naissance, y compris la conscience personnelle du corps et d’autres expressions comme l’habillement, le discours et les manières de se conduire (c’est à dire l’expression de genre).

 Interculturel
 Le mot « interculturel » comprend « inter » et « culturel » qui signifient « entre » et « culture ». La sociologie, la psychologie, l’éducation, le marketing, la résolution des conflits ou encore la philosophie étudient les phénomènes résultant de la rencontre de plusieurs cultures, ou « relations interculturelles ». Ce terme introduit les notions de réciprocité dans les échanges et de complexité dans les relations entre cultures. Le phénomène interculturel est affaire de rencontres, du fait qu’il n’existe pas une culture mais des cultures, au sein desquelles parfois d’autres cultures coexistent et interagissent. Chaque pays, peuple, être humain, organisation possède une culture différente.

 Intersexe (intersexué-e)
 Les personnes intersexes présentent des caractéristiques physiques, génétiques et/ou hormonales qui ne sont pas exclusivement mâles ou exclusivement femelles, mais qui appartiennent soit typiquement aux deux, soit à aucun des deux. Le terme « intersexe » remplace celui « d’hermaphrodite » qui était largement utilisé par le milieu médical au cours du 18e et 19e siècle.

 Lesbienne
 Femme qui est attirée émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres femmes.

 Lesbophobie
 Attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes lesbiennes.

 LGBT
 Acronyme signifiant Lesbiennes, Gays, Bi (bisexuel-le-s) & Trans. Terme générique pour désigner et parler des orientations sexuelles et des identités de genre minoritaires dans leur globalité. On parle souvent de personnes LGBT. D’autres initiales sont aujourd’hui souvent associées à l’acronyme LGBT : par exemple, le I pour désigner les personnes intersexes (LGBTI) et le Q désignant les personnes queer (LGBTQI).

 Outing
 Action de dévoiler l’homosexualité ou la bisexualité d’une personne sans son accord. L’outing peut également désigner l’action de dévoiler le désir d’une personne de vivre dans un genre différent de celui assigné à la naissance. Dans tous les cas, il s’agit d’une atteinte à la vie privée.

 Orientation sexuelle
 L’orientation sexuelle fait référence à la capacité de chacun-e de ressentir une profonde attirance émotionnelle, physique et/ou sexuelle envers des individus du sexe opposé et/ou de même sexe, et d’entretenir des relations intimes et sexuelles avec ces individus.

 Queer
 Mot d’origine anglophone signifiant "étrange" et utilisé initialement comme injure envers les personnes LGBT. Aujourd’hui, il est revendiqué par les personnes qui ne souhaitent pas se (voir) définir par les catégories traditionnelles hétéronormatives de genre et d’orientations sexuelles. La pensée queer remet ainsi profondément en cause les schémas et normes sociales binaires (homme/femme, homosexuel-le/hétérosexuel-le).

 Racisme :
 Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races au sein de l’espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d’autres.

 Sexisme :
 Le sexisme est une idéologie se fondant sur l’adhésion à des croyances discriminatoires basées sur le critère du sexe. Il s’appuie en partie sur des stéréotypes de genre, c’est-à-dire des croyances concernant les caractéristiques généralement associées aux femmes et aux hommes.

 Transidentité / personnes transidentitaires
 Les transidentités rendent compte des personnes dont l’identité de genre n’est pas en accord avec la catégorie de genre (homme/femme) assignée à la naissance sur la base du sexe biologique. Les transidentités désignent ainsi le fait de vivre, ponctuellement ou durablement, selon l’apparence et les habitudes de la catégorie de genre opposée à celle assignée à la naissance, ou bien le sentiment revendiqué d’appartenir soit aux deux catégories de genre, soit à aucune. Il s’agit donc d’un terme générique qui se substitue au terme transgenre qui n’a pas su s’imposer comme tel du fait de l’opposition longtemps émise entre personnes transgenres, transsexuelles et travesties. On peut également utiliser Trans’ (ou personnes trans’) comme terme générique. A cette désignation peut s’opposer la notion de personnes cisgenres, c’est à dire toute personne en adéquation avec, ou revendiquant l’appartenance à la catégorie de genre assignée à la naissance.

 Transphobie
 Attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers les personnes transidentitaires.

 Transsexualisme
 Terme psychiatrique et médical désignant la conviction d’appartenir au genre opposé à son sexe, associée à la volonté de changer physiquement pour mettre son corps en conformité avec son identité de genre. Ce terme apparaît surtout dans le contexte des grandes classifications des maladies – Classification internationale des maladies (CIM) et Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) – qui considèrent le transsexualisme comme un trouble mental. Il est néanmoins rejeté par une grande partie des personnes transidentitaires du fait de son caractère psychiatrisant et pathologisant. Dans ce contexte, on trouve également les termes transsexualité et transsexuel-le. En plus de leur connotation pathologisante, ces termes sont à éviter car « sexualité » laisse penser à tort qu’on se situe dans le domaine des pratiques sexuelles.

 Travesti-e
 Une personne travestie utilise en partie ou en totalité, de manière ponctuelle ou durable, les codes (habits, attitudes, etc) de la catégorie de genre (homme/femme) opposée à celle assignée à la naissance, sans forcément en revendiquer l’appartenance.

 Trouble de l’identité de genre/Dysphorie de genre La dysphorie de genre est un concept psychiatrique et médical définissant un syndrome qui se manifeste par le malaise profond, la souffrance d’une personne, induit par l’inadéquation entre son sexe et son genre. Le terme médical de dysphorie de genre a remplacé celui de syndrome transsexuel. Il disparaît lui-même progressivement au profit de trouble de l’identité de genre qui peut être tout autant contesté pour sa connotation pathologisante. L’OMS, les milieux médicaux et les autorités de plusieurs pays continuent néanmoins d’utiliser l’appellation dysphorie de genre.

 Xénophobie
 Etymologie : du grec xenos, étranger et phobos, peur, effroi. Au sens littéral, la xénophobie est la peur irraisonnée, maladive de ce qui est étranger.

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Post-scriptum : La plupart des définitions proposées ici sont issues ou inspirées de documents édités par le Conseil de l’Europe et la Commission Européenne, ainsi que des principes de Jogjakarta.

Quelques symptômes d’intolérance, avec les indicateurs de comportement correspondants

 Langage : Dénigrement et expressions péjoratives ou d’exclusion qui déprécient, rabaissent et déshumanisent des groupes culturels, raciaux, nationaux ou sexuels. Déni du droit à la parole.
 Stéréotypes Tous les membres d’un groupe sont décrits comme ayant les mêmes caractéristiques, d’ordinaire négatives.
 Moquerie L’attention est appelée sur les comportements, caractéristiques et signes distinctifs de certaines personnes pour les ridiculiser ou les insulter.
 Préjugé : Jugement établi sur la base de généralisations et de stéréotypes négatifs au lieu de reposer sur des faits réels ou sur le comportement particulier d’un individu ou d’un groupe.
 Désignation d’un bouc émissaire : On fait porter la responsabilité d’événements traumatisants ou de problèmes sociaux à un groupe particulier.
 Discrimination Privation d’avantages sociaux ou exclusion d’activités sociales pour des motifs tenant essentiellement à des préjugés.
 Ostracisme : On se comporte comme Si l’autre n’était pas présent ou n’existait pas. On refuse de lui parler ou de le reconnaître ou de reconnaître sa culture (ce qui comprend l’ethnocide).
 Brimades Comportements visant délibérement à intimider et à humilier les autres souvent dans l’intention de les forcer à quitter la communaute, l’organisation ou le groupe.
 Profanation et dégradation : Formes de profanation de structures ou symboles religieux ou culturels visant à déprécier et à ridiculiser les croyances et l’identité de oeux pour qui ces structures et symboles ont un sens.
 Brimades : Utilisation d’une foroe physique supérieure ou d’une supériorité numérique pour humilier les autres ou les priver de leurs biens ou de leur statut.
 Expulsion : Décision officielle ou voies de fait pour expulser ou pour refuser le droit d’entrée ou la présence en un endroit, au sein d’un groupe social, d’une profession ou en tout lieu où se déroule une activité de groupe, y compris ceux dont dépend la survie, tels que lieux de travail, logements, etc.
 Exclusion : On refuse aux autres toute possibilité de pourvoir à leurs besoins fondamentaux et/ou de participer pleinement à la vie sociale, et en particulier aux activités communautaires.
 Ségrégation : Séparation forcée de personnes de races, religions ou sexes différents, en général au détriment d’un groupe (ce qui comprend l’apartheid).
 Répression : Privation par la force de la jouissance des droits de l’homme.
 Destruction : Internement, voies de faît, refoulement hors de la zone où les intéressés gagnent leur vie, attaques armées et meurtres (y compris le génocide).
 Homophobie : Rejet de la personne homosexuelle dans les paroles ou les actes.
 Hétérosexisme : Dévalorisation de l’homosexualité au regard d’une hétérosexualité considérée comme plus normale.
 Sexisme :Attitude discriminatoire fondée sur le sexe, discrimination à l’encontre des femmes dévalorisée par rapport aux hommes, plus généralement le féminin est infériorisé par rapport au masculin...
 Hétérosexiste :Fait de considérer une inégalité entre les sexualités au détriment de l’homosexualité sociétés :Ensemble organisé d’individus dont les relations sont régies par des règles, des coutumes.
 Discriminations : Action de mettre à part au détriment de ceux qui le sont, fait d’exclure pouvant aboutir à une situation de marginalisation
 Marginalisation :Fait de placer en marge, mettre à l’écart, tendance à exclure quelqu’un, à lui faire perdre son intégration sociale.
 Implicitement :Qui n’est pas dit expressément, mais qui va de soi.
 Mentalités : manière habituelle de penser et de se comporter
 Orientation sexuelle : Fait d’être affectivement et sexuellement attiré par une personne du sexe opposé ou bien du même sexe ; plus familièrement : être « hétéro » ou être « homo »...
 Immoral : contraire à la morale.
 Marginaliser : du verbe marginaliser, qui est mit en marge de quelque chose, en marge de la société...
 Contre-nature : Qui à l’encontre de la nature des choses, qui n’est pas naturel...
 Perversité : comportement de recherche du plaisir sexuel hors accouplement, certains de ces comportements peuvent être considérés comme anormaux ou asociaux
 Acte sexuel : relation amoureuse, acte physique de plaisir, accouplement
 Appareil génital : organes sexuelles procurant du plaisir aux hommes et aux femmes
 Personnalité : ensemble de caractères permanents d’une personne qui déterminent sa singularité et son originalité...
 Arbitraire : qui dépend du libre-choix, de la volonté sans autre considération
 Infertile : qui est stérile, qui n’engendre pas, sans possibilité d’avoir des enfants...
 Engendrer :acte de procréation : mettre des enfants aux monde
 Génétiquement : Relatif aux gênes, à la transmission héréditaire...
 Normalité : Qualité de ce qui est conforme à la règle, au principe servant de référence
 Performance : réussite, exploit, mesure des capacités intellectuelles...
 Assumer : prendre sur soi, accepter les conséquences de quelque chose...
 Stéréotypes : idées toutes faites, lieux communs...
 Injonctions : ordre exprès
 Codes : Système de symboles ou de référence qui encadrent l’existence de groupes humains dans des lieux et des époques différents...
 Genre : relatif au masculin et au féminin
 Hystérique : vive excitation, comportement très agité ou théatral...
 Macho : Se dit d’un homme qui se croit supérieur aux femmes et veut les dominer.
 Gonzesse : terme familier désignant une femme ou une fille, plutôt négatif. Ce mot provient de l’italien « gonzo » qui veut dire lourdaud donnant également en langue française le mot argotique gonze, très vieilli , désignant un individu, un type, un mec
 Etat embryonnaire : dans les premiers stades de son développement...
 Attitude compréhensive : apte à l’ouverture, à l’écoute...
 Bouc-émissaire : personne rendue responsable de toutes les fautes (par allusion à la coutume biblique consistant à charger un bouc de tous les péchés d’Israël et à le chasser dans le désert.
 Génocide : extermination systématique d’un groupe humain, ethnique ou religieux...
 Apartheid : régime politique de ségrégation (cad. Séparation ) raciale (aujourd’hui aboli en Afrique du Sud)
 Démocratie : régime politique dans lequel la souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens. Xénophobie : Hostilité de principe à l’égard des étrangers
 Egoïste : qui fait preuve d’aucune préoccupation, intérêt pour les autres
 Egocentrisme : Propension à tout faire partir de soi et à tout ramener à soi...
 Harcèlement moral : assauts brefs et répétés importunant moralement une personne par une autre
 Sublimer : orienter une tendance , une passion vers une valeur sociale positive, vers un intérêt moral
 Dévalorisation : diminuer la valeur de quelqu’un, rabaisser son prestige, déprécier...
 Sida :maladie infectieuse contagieuse qui est transmissible par voie sexuelle ou sanguine. Elle représente la phase terminale de l’infection par le VIH ( séropositivité)

Les clefs du racisme

RACISME : "C’est la valorisation, généralisée et définitive, de différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de la victime, afin de légitimer une agression ou un privilège". Albert Memmi, auteur de cette définition, en propose une version plus courte : "c’est l’utilisation profitable d’une différence" (Albert Memmi, Le Racisme, Folio Actuel).

- Combattre l’esclavage : Ému du sort cruel réservé aux Indiens d’Amérique par les colons espagnols, l’évêque Bartolomé de Las Casas écrit en 1542 au roi d’Espagne : "En quarante ans, par suite de la tyrannie et des actions infernales des Chrétiens, 12 à 15 millions d’âmes, femmes hommes et enfants sont morts." Sa proposition ? Remplacer les Indiens par des esclaves africains. 12 à 15 millions de Noirs sont arrachés à l’Afrique durant les siècles qui précèdent l’abolition de l’esclavage. Le plus durable des crimes perpétré contre l’humanité n’est pas, à l’époque, perçu comme tel : les Noirs sont considérés comme des êtres inférieurs... Le besoin de justifier, par des considérations biologiques, le traitement inhumain réservé aux indigènes puis aux esclaves naît avec la colonisation. Traitement inhumain pour "personnes inhumaines", le racisme* contemporain est né. Quant à la notion même d’humanité, elle est encore en germe. En France, ce n’est qu’au XVIIIe siècle avec les philosophes des Lumières qu’est posée la question du respect de l’individu. Rousseau, Montesquieu, Voltaire et Diderot condamnent L’esclavage. Révolution de 1789, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits"... en métropole : Les colonies ne sont pas tenues d’appliquer la nouvelle Constitution. À Saint-Domingue, l’esclave affranchi Toussaint Louverture conduit une insurrection, qui suscite le vote en 1794 d’un décret abolissant l’esclavage. Une mesure sans lendemain : dès 1802, Bonaparte le rétablit, et Toussaint Louverture meurt en prison... Les abolitionnistes ne lâchent pas prise, mais obtiennent encore peu de succès. Les grandes puissances s’engagent en 1815 à supprimer la traite, mais restent floues sur les délais. En 1838, l’Angleterre émancipe tous les esclaves de la Couronne. En France, le démocrate Victor Schcelcher prend la tète du mouvement abolitionniste. L’essor industriel sert sa cause. Les usines ont besoin de salariés, pas d’esclaves, et les économistes sont formels : un salarié coûte moins cher qu’un esclave. Ce qui en dit long sur les conditions de vie des salariés au XIXe siècle... Le développement de la betterave sucrière, qui diminue l’intérêt de la canne à sucre, et des esclaves qui la récoltent aux colonies, accélère le mouvement. Les conditions sont réunies pour supprimer l’esclavage. L’avènement de la IIe République va créer les conditions politiques. Devenu sous-secrétaire d’État aux colonies, Victor Schcelcher signe le 27 avril 1848 le décret d’abolition. C’était il y a 150 ans. L’esclavage a-t-il vraiment disparu ? Non. Les conditions de "travail forcé", proches de l’esclavage, que subissent des millions de personnes, notamment les enfants, à travers le monde sont régulièrement dénoncées. C’est le cas des 50 millions d’enfants qui, aujourd’hui, selon le Bureau international du Travail, sont exploités "dans des conditions incompatibles avec leur développement normal" ? Alors qu’il existe une convention internationale du droit des enfants ratifiée par 187 pays sur 193.

- Martin Luther King, le rêve assassiné: 1er décembre 1955, à Montgomery, bourgade de l’Alabama, aux États-Unis. Une passagère noire monte dans un autobus et s’assied à l’avant, partie habituellement réservée aux Blancs. Les Noirs viennent d’entamer la lutte pour l’égalité des droits civiques. Le pasteur noir Martin Luther King devient un des leaders du mouvement. En 1963, dans un discours resté célèbre débutant par "I have a dream..." ("Je fais un rêve..."), il expose son rêve de voir naître un monde de liberté et de justice pour tous. Le prix Nobel de la paix couronne ses efforts. Pour Martin Martin Luther King, le problème des Noirs est au-delà du scandale de la ségrégation* raciale, un problème social. Alors que des émeutes éclatent, il prépare une grande marche des pauvres sur Washington. Mais le 4 avril 1968, un tueur blanc assassine l’homme au rêve de paix et de justice. Aujourd’hui, Noirs et Blancs sont égaux... du moins dans les textes. Et dans les faits ? 55 % des Noirs vivent dans les quartiers pauvres. Ils ont en moyenne un revenu inférieur pour moitié à celui des Blancs et sont trois fois plus frappés par le chômage. Ils représentent 12 % de la population américaine, mais sur l’ensemble des mandats électifs, seuls 2% sont détenus par des Noirs.

- Le racisme, interdit par la loi : Tenir des propos racistes est un délit. La loi du 1er juillet 1972 interdit toute "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, en raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée". En clair, si vous estimez avoir été victime de propos racistes, vous pouvez porter plainte et obtenir réparation. Ce droit est ouvert aux individus, mais aux associations antiracistes qui ont le droit de se porter partie civile. Le code pénal réprime aussi les refus de vente, d’embauché ou d’accorder un droit, dans le cas d’une autorité publique, lorsque ces motifs se fondent sur des motifs raciaux.

- Des faits et des gestes : Chaque année, la Commission consultative des droits de l’homme publie un rapport sur l’état du racisme et de la xénophobie* en France. Elle cite ses sources : les services de police, chargés de recenser les actes racistes commis. À noter que les faits et chiffres présentés ne reflètent qu’une partie de la réalité : toutes les victimes ne déposent pas plainte, et il n’y a pas toujours de témoins... Tour d’horizon :
 Un homme marche dans la rue. Deux ou trois autres surgissent, le rouent de coups ou lâchent leur chien. Scénario banal des violences racistes avec homicide ou blessures. Par | rapport à la flambée de 1995, | leur volume diminue. 4 blessés "seulement" en 1996, mais un total de 10 morts et de 162 blessés depuis 1990... Point commun à toutes ces actions : leurs auteurs proviennent presque toujours des milieux d’extrême droite, et s’équipent d’une nouvelle arme : le chien pitbull...
 Dans 3 cas sur 4, la violence raciste vise de plus en plus les Maghrébins, notamment en Corse, où 21 actes ont été recensés en 1996 : agressions, tentatives de meurtre, destruction de véhicule, attentat à l’explosif...
 195 actes d’intimidation ont été recensés en 1996. Cela va du tract insultant au molestage d’un contrôleur du travail, à qui l’employeur contrôlé reproche ses origines africaines, en passant par l’obligation, faite sous la menace d’un couteau à un Sénégalais, de sauter dans une fosse de décantation. Depuis 1991, plus de 1 200 de ces actes "qui blessent sans laisser de blessures" ont été recensés.
 Colis piégés adressés à des membres de la communauté juive, cocktails molotov lancés sur des synagogues : la violence antisémite* régresse mais porte, sur six années, à 74 le nombre des violences commises. Les menaces ont augmenté en 1995 et 1996, avec près de 90 faits recensés par an.
 Le réseau mondial informatique Internet offre une nouvelle tribune à la propagande raciste pour ceux qui nient l’existence des chambres à gaz dans les camps nazis. Mais les fournisseurs d’accès à Internet mis en cause dégagent toute responsabilité, arguant du caractère international du réseau... Autre forme de racisme : les injures et violences verbales que lancent trop souvent de nombreuses personnes dans leur langage quotidien.
 Pour les auteurs du rapport, si la violence raciste diminue, la haine des étrangers augmente. Une impression nourrie par les résultats d’un sondage qui montre que "la France est travaillée par un courant xénophobe qui s’exprime de plus en plus ouvertement (...) Par exemple, certaines municipalités refusent d’inscrire des enfants étrangers dans leurs écoles, bien que cela soit illégal.

- Nier l’Histoire : Shoah est un nom hébreu qui veut dire catastrophe. Il y a moins de soixante ans, au nom d’une prétendue supériorité raciale de la "race aryenne", le régime nazi au pouvoir en Allemagne entreprit l’extermination des peuples considérés comme "inférieurs", et notamment les Juifs. Hommes, femmes, enfants, vieillards, la haine antisémite nazie ne connut pas de limites, et des millions de Juifs furent tués dans des chambres à gaz ou condamnés à une mort lente dans les camps de concentration. Cette barbarie donna naissance, après la guerre, à la notion de "crime contre l’humanité", qui est en France, imprescriptible. C’est-à-dire que quelle que soit ta date du crime, une personne soupçonnée peut toujours être poursuivie devant les tribunaux. C’est le cas actuellement pour Maurice Papon devant la cour d’assises de Bordeaux, pour "complicité de crime contre l’humanité". Par ailleurs, certains mouvements, souvent proches de l’extrême droite, nient ou remettent en cause l’existence des camps d’extermination durant cette période, qui constitue pourtant une réalité historique. On les appelle "révisionnistes" ou "négationnistes".

- Pas de fondement scientifique à la notion de race : Les théories racistes jouent sur un malentendu en prétendant que les différences visibles entre les différents groupes humains correspondent à une différence de "nature", c’est-à-dire biologique. Or, diverses études scientifiques prouvent que tous les êtres humains ont les mêmes ancêtres, et le même système génétique*. C’est ce qui permet d’ailleurs de pratiquer des transfusions sanguines entre individus du même groupe... sanguin, quelle que soit la couleur de leur peau !
Tous les êtres humains ne se ressemblent pas. Qu’elles soient physiques ou culturelles, les différences existent, et cette diversité fait la richesse de l’humanité. Les théories racistes jouent sur un malentendu, faisant de ces différences un critère scientifique de classification raciale. Dans le même esprit, certains s’efforcent de trouver le gène de l’agressivité ou de l’intelligence... Mais de nombreux travaux, comme ceux du Dr Henri Laborit, ont montré que ce ne sont pas les gènes qui déterminent la personnalité d’un individu, mais ce qu’il a vécu, ressenti, appris depuis sa naissance.

D’après les Clefs de l’actualité mars 1998

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