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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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L'objectif explicite de l'enseignement du français et le développement chez les élèves de la faculté de comprendre et de produire des textes, quelles que soient leurs formes et les circonstances, d'après Roberte Tomassone.

On ne saisit la langue qu'à partir des réalisations individuelles des personnes qui parlent ou écrivent, qui utilisent le système langue à partir d'énoncés. Et les énoncés sont le résultat d'une énonciation. Selon Benveniste, l'énonciation est la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d'utilisation. Cet acte est insaisissable et ne peut pas être objet d'étude. C'est à partir de l'énoncé que l'on peut atteindre l'énonciation, rechercher dans l'énoncé les traces de l'acte qui l'a produit. Ce qui donne à la langue une approche à la fois globale et singulière, s'intéressant aux actes de langage. 

L'élève qui arrive au cycle 2 de l'école a déjà développé des compétences langagières et même parfois par l'utilisation d'une autre langue que la langue française. L'étude de la langue doit lui permettre d'approfondir sa réflexion sur le fonctionnement de la langue française et d'acquérir les savoirs grammaticaux nécessaires. Les compétences langagières sollicitées à l'oral comme à l'écrit sont enrichies de ce travail réflexif sur la langue.

L'étude de la langue s'effectue selon une approche progressive. L'apprentissage de l'orthographe grammaticale contribue à mettre en jeu des connaissances sur les relations entre les mots, les phrases et les concepts grammaticaux. L'acquisition de l'orthographe grammaticale et lexicale se fonde sur une compréhension et une mémorisation des régularités. Elle prend appui sur un travail coopératif entre l'oral et l'écrit de manière à repérer et utiliser tous les éléments qui ne s'entendent pas, mais qu'il faut écrire. Il s'agit des variations des marques de nombres, de genre, de mode et de temps et de personnes. L'Étude de la langue contribue à conduire les élèves à considérer la langue comme un objet d'étude, non plus seulement comme un outil de communication. Cette capacité est essentielle pour mener les élèves à une parfaite maîtrise de leur langue à l'oral comme à l'écrit. 

Au cycle 2, le passage de la forme orale à la forme écrite de la langue est particulièrement visé : développement de la conscience phonologique, acquisition du principe alphabétique, automatisation des correspondances. L'étude de la langue au cours préparatoire facilite l'entrée dans la lecture et dans l'écriture. Au cycle 3, les aspects formels de la langue sont de plus en plus considérés en classe.

Les élèves doivent conjointement apprendre à comprendre et mémoriser des faits de langue stables comprenant une logique. Il s'agit de séries de mots présentant une analogie morphologique, de marques verbales régulières, de redondances des marques de nombres dans le groupe nominal, et cetera. Les élèves doivent également apprendre à raisonner pour gérer des variations en utilisant systématiquement la comparaison, le remplacement ou d'autres manipulations syntaxiques, à utiliser des outils de référence qui ont été construits en classe ou des outils usuels comme les imagiers, les répertoires, les dictionnaires, les mémos de conjugaison, et cetera.  

L'apprentissage de la langue se construit en articulant des temps d'activités intégrés aux activités d'oral, de lecture et d'écriture et des activités spécifiques pour réfléchir sur le fonctionnement de la langue, structurer, vérifier et consolider des connaissances. Le travail à partir de corpus, constitués en fonction du point de vue de la langue qui sera étudié, tient une place prépondérante dans ces activités proposées aux élèves.

Des activités de résolution de problèmes sont particulièrement appréciables pour chercher, manipuler, comparer, observer des éléments ou faits de langue et comprendre le fonctionnement de la langue. Il convient de valoriser des activités de recherche basées sur le classement et le tri de graphies, de formes verbales, de mots, de groupes de mots avec justification de la part des élèves. Il importe de bien sélectionner et étoffer les éléments linguistiques en fonction du fait de langue à observer afin de permettre aux élèves de dégager une règle de fonctionnement construite sur les régularités. Pour s'entraîner et automatiser, il est conseillé de mettre en place des activités collectives courtes et régulières de réinvestissement des règles de fonctionnement. Par exemple, il peut s'agir d'écrire sous la dictée et analyser les graphies proposées, erronées ou non et argumenter pour proposer des solutions alternatives plausibles. C'est le dispositif de la négociation orthographique ou de la dictée raisonnée. De manière à consolider les connaissances de chacun, il est pertinent de proposer des situations de structuration en regroupant en groupe restreint les élèves aux mêmes besoins, dans un dispositif de différenciation pédagogique. Les activités d'étude de la langue doivent permettre de manière générale d'observer, de réfléchir, d'automatiser et d'appliquer des règles de fonctionnement basées sur les régularités, la mise en évidence de régularités. Les apprentissages orthographiques, lexicaux et syntaxiques doivent être également intégrés à la lecture et surtout à l'écriture autonome des élèves. Donner toute sa place au raisonnement en toute occasion est primordial afin de permettre compréhension et mémorisation de normes stables de la langue qui sont incontournables. De plus, il convient d'encourager la capacité d'analyse de ses propres productions écrites pour pouvoir y repérer les erreurs et apprendre à se corriger. C'est un apprentissage en contexte. L'enseignant doit apprendre aux élèves quotidiennement à faire preuve d'une vigilance orthographique. Par ailleurs, les élèves doivent pouvoir proposer des solutions alternatives plausibles et justifier leur choix en utilisant le métalangage grammatical étudié en classe.

Le principe essentiel qui est poursuivi au cycle des apprentissages fondamentaux et au cycle de consolidation est de mettre en relation les connaissances acquises lors des séances d'étude de la langue et de les mobiliser à bon escient autant à l'oral, en lecture, qu'en écriture.

L'étude de la langue se décompose en trois temps : des activités ritualisées d'entraînement régulier de 15 à 20 minutes, une séance de recherche longue ou situation problème grammaticale qui est un levier essentiel pour réfléchir sur la langue et s'approprier les concepts grammaticaux, et un temps pour des exercices de renforcement et de consolidation en fin de semaine. (D'après Eduscol).

Apprendre la grammaire par
la démarche active de découverte (DADD)
Suzanne-G. Chartrand
en 6 étapes

Mise en situationConnaissance du but de l’apprentissage, savoir à quoi servira l’étude de ce concept. Observation de la question à l’étude en contexte, c'est-à-dire dans des textes.

1- L’observation du phénomène A partir d’un ensemble d’exemples appelé « corpus » (phrases d’élèves, phrases tirées de textes courants ou littéraires, phrases hors texte, courts textes) Observations menées par groupes, liées à la problématique, sur des tâches précises : - Regrouper les énoncés (textes, phrases ou groupes de mots) semblables, - Les classer en précisant les critères de classement, - Les comparer à d’autres, - En recueillir de nouveaux, … Constats, questions, Mise en commun des résultats Choix des questions retenues, qui seront travaillées plus systématiquement.

2- La manipulation des énoncés et la formulation d’hypothèses Manipulations, transformations pour faire émerger les principales caractéristiques ou propriétés, Utilisation d’opérations syntaxiques simples : réduction, expansion, permutation, commutation, Observation des effets, Formulation d’hypothèses descriptives ou explicatives sur le fonctionnement du phénomène, (Ex : le déterminent et l’adjectif s’accordent avec le nom, la forme du pronom relatif dépend de sa fonction …).

3- Vérification des hypothèses Validation des hypothèses sur un autre corpus, Si validation, élaboration de règles.

4- Formulation de la règle Formulation par chaque groupe de la règle, avec ses mots, Mise en commun des formulations proposées, Elaboration collective de la règle, Vérification dans un ouvrage de référence.

5- Phase d’exercices Mise en application des découvertes dans des contextes linguistiques variés. Présentation par l’enseignant d’un ensemble gradué d’exercices grammaticaux qui présentent un défi : cas problèmes simples aux plus complexes, qui demandent des compétences proches de celles qui sont nécessaires en situation d’écriture. Typologie des tâches allant des moins exigeantes cognitivement aux plus complexes : a- Exercices de reconnaissance du phénomène grammatical : souligner, repérer, étiqueter, analyser, illustrer par un schéma, b- Exercices de reconnaissance du phénomène grammatical avec justification écrite des critères de reconnaissance, c- Exercices de construction de phrases en se servant de manipulations pour faire apparaitre le fonctionnement du phénomène à l’étude, d- Exercices de correction de phrases ou de rédaction limitée (textes à trous) avec justification des changements apportés, e- Exercices de production de textes avec des consignes précises faisant intervenir la notion grammaticale à l’étude.

Phase d’exercice nécessaire pour consolider les nouvelles connaissances, développer des automatismes et des procédures de résolution de problèmes.

6- Le réinvestissement contrôlé L’enseignant guide le transfert de ces nouvelles connaissances dans des activités de lecture et surtout d’écriture. Attention particulière portée au phénomène qui a été étudié.

L’Observation Réfléchie de la Langue Française

L’ORL   ???

Ce n’est pas.
- Une série d’exercices répétitifs hors contexte,
- L'usage d’une terminologie inutilement complexe,
- Une leçon, une règle et une application
- Une analyse grammaticale des compléments avec comme seule finalité la distinction COD, COI                  - Une classification des compléments circonstanciels…

C’est avant tout.

- Un moment de découverte du fonctionnement de la langue

- Un travail de comparaison des éléments linguistiques en les manipulant (déplacement, remplacement, expansion, réduction.)

- La perception puis l’automatisation de certaines relations : accord dans le groupe nominal, accord sujet -
verbe.

L’ORL n’est pas une discipline, c’est une démarche

En ORL, la langue est un objet de réflexion, la grammaire devient une discipline expérimentale :

Résoudre le problème posé par une situation

Organiser des faits de langue (observer, comparer, trier, chercher des analogies)

Déduire des règles de fonctionnement

Réaliser des synthèses, des fiches qui serviront de référence

Utiliser ces références lors des activités de production

L'observation réfléchie de la langue française peut être mobilisée pour lire et comprendre un texte. Elle est sollicitée dans la relecture des productions des élèves dans le cadre horaire de la littérature. L’observation réfléchie de la langue française est spécifique quand on met en place des séances de tris,
des dictées réflexives voire des temps de structuration spécifiques dans le cadre de l’heure 45
hebdomadaire.

D'après la plaquette éditée par le Groupe opérationnel départemental Maîtrise de la langue Commission Observation Réfléchie de la Langue Française ORL91@ecoles91.ac-versailles.fr

Zoom sur l'étude de la langue, grammaire
Zoom sur l'étude de la langue, grammaire

« En France, l’orthographe sert à se distinguer socialement »  La faute à l'orthographe ???

Pour l’historien Claude Lelièvre, spécialiste du système éducatif, l’orthographe est une passion récente que les Français se plaisent à entretenir. L’historien Claude Lelièvre, spécialiste du système éducatif, revient sur la polémique qui oppose, depuis deux semaines, le ministère de l’éducation nationale à l’Académie française sur des « rectifications » orthographiques remontant à 1990.

Manesse Danielle ; Cogis Danièle ; Dorgans Michèle & Taller Christine. Orthographe, à qui la faute ?/ postface d’André Chervel. Issy-les-Moulineaux : ESF, 2007. – 250 p.

Malgré son titre quelque peu accrocheur, cet ouvrage n’est pas un ouvrage polémique et nostalgique de plus sur la baisse de niveau des élèves et de l’enseignement qui en serait la cause. S’il peut être lu dans cette perspective et s’il a alimenté au moment de sa parution nombre de débats médiatiques, il est d’abord le fruit d’un questionnement et d’un constat récurrents de D. Manesse sur les possibilités offertes (ou non) aux élèves d’aujourd’hui de construire les ressources nécessaires à une scolarité longue et une intégration sociale, du fait des modalités de l’enseignement du français, profondément renouvelées par les programmes de 1996, ; en particulier quand il s’agit des élèves pour lesquels l’école est le lieu majeur de l’acquisition de ces ressources. Au demeurant, cette recherche, comme les précédentes de D. Manesse sur la même question ont aussi pour objectif d’éclairer par des connaissances fiables un débat national que l’auteur juge nécessaire. Le constat concerne les résultats toujours plus faibles, comparativement, des élèves de ZEP aux évaluations nationales et qui manifestent un « rapport chaotique aux unités de la langue ». Or, la corrélation entre la maîtrise de l’orthographe et la réussite scolaire est très forte, principalement parce que l’orthographe suppose un rapport métalinguistique à la langue ; l’orthographe suppose de construire la langue comme objet, de la penser comme système et comme norme. Cette construction fait partie des éléments socialement différenciateurs des élèves, puisque cette disposition apparaît davantage exigée que construite par l’école dans l’acquisition des savoirs scolaires, comme l’ont mis en évidence de nombreuses recherches (E. Bautier, B. Lahire, D. Manesse, par exemple). L’acquisition de l’orthographe ne se réduit donc pas à elle-même, elle est aussi formation cognitive et construction du rapport à la règle et aux normes. Son enjeu n’est pas davantage réductible à une conservation des formes de la langue contre laquelle d’ailleurs les auteurs, à la suite de nombreux autres depuis plus d’un siècle, protestent sans effet.

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