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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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"Depuis les années 2000, une partie croissante des hauts technocrates de l'Education nationale s'est ralliée à l'agenda néo libéral. Le numérique et les neurosciences sont les deux piliers qui, par leur emprise, doivent servir à accentuer la pression sur les enseignants, à rogner leurs autonomies professionnelles et leurs pouvoirs d'action". Ces quatre cavaliers de l'apocalypse pédagogique fondent particulièrement sur les enseignants depuis le retour de JM Blanquer rue de Grenelle. Dans un nouveau livre (Vers une nouvelle guerre scolaire, La Découverte), Philippe Champy met en lumière l'évolution de sa pensée politique et aussi les liens qui unissent la technostructure du ministère à une partie des neuroscientifiques et le petit noyau étatiste des acteurs du numérique. Au coeur de la tempête, l'édition scolaire, que connait bien Philippe Champy, étroitement liée aux acteurs de terrain, est en première ligne. L'enjeu de cette nouvelle guerre scolaire tient dans le mot liberté. Particulièrement la liberté pédagogique des enseignants , soumis aux pressions d'instructions de plus en plus tatillonnes, d'une évangélisation neuroscientifique et d'outils numériques qui vérifient et recadrent les pratiques, comme les évaluations nationales. L'Ecole de la confiance c'est celle de la mise sous contrôle. On l'avait compris. Philippe Champy le démontre. Ce livre est important. (Source Le Café Pédagogique)

Sous la Ve République, l’unification de l’École, de la maternelle au bac, n’a pas mis fin à la ségrégation sociale et aux énormes écarts de réussite scolaire. Face à cette situation, les hauts responsables de droite et de gauche ont alterné des mesures contradictoires, rendant aléatoire la perspective d’une démocratisation de l’École. D’autant que, depuis les années 2000, une partie croissante des hauts technocrates de l’Éducation nationale s’est ralliée à l’agenda néolibéral. Ils mobilisent dans ce cadre le numérique et les neurosciences, présentés comme sources de modernisation, pour accentuer en réalité la pression sur les enseignants, rogner leurs autonomies professionnelles et leurs pouvoirs d’action.

C’est ce que démontre avec rigueur, dans cet essai remarquablement documenté, Philippe Champy, fin connaisseur du système scolaire. Il y analyse les origines de ce grand reformatage de l’École et, surtout, sa mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer : les attaques contre la liberté pédagogique et les manuels scolaires, la mise sous tutelle du « numérique éducatif », les tentatives de marginalisation des auteurs et éditeurs scolaires, la prise de pouvoir larvée d’un pool de neurochercheurs prétendant dicter leurs méthodes pédagogiques aux enseignants, etc. Ce grand reformatage, qui maintient les privilèges élitaires en l’état, voire les renforce, s’accompagne d’une reprise en mains dirigiste et centralisatrice sans précédent. Il impose à tous les acteurs de l’École une prise de conscience et une réaction d’ampleur, face au risque avéré d’une nouvelle guerre scolaire.

Philippe Champy, Vers une nouvelle guerre scolaire. Quand les technocrates et les neuroscientifiques mettent la main sur l'Éducation nationale. La Découverte.

ISBN 978-2-348-04062-7, 20€.

 

Dans ce livre, j’ai essayé de comprendre d’où venait ce hiatus entre les professionnels auteurs de manuels et des responsables qui jugent cette production, foisonnante et pluraliste, de façon négative. Comment expliquer ce décalage entre ceux qui prétendent prescrire ce qu’il faut faire et les réalités et usages du terrain ? Cela m'a amené à aborder la question de la liberté pédagogique qui est, selon moi, au cœur du sujet. (...) Les hauts technocrates sont globalement mécontents de la façon dont les professeurs font leur métier. Cette critique de fond, souvent masquée dans les discours officiels, prend plusieurs formes. Les manuels scolaires servent de bouc-émissaires, mais, selon moi, ce sont les professeurs qui sont en fait visés.

L’attaque techno est à double face : technocratique et technologique. Les hauts responsables n'ont plus comme référence l'expérience pédagogique accumulée par le système éducatif. Une de leurs caractéristiques est d’être de plus en plus étrangers à la culture pédagogique des enseignants, notamment du primaire, qu’ils ont tendance à assimiler au « pédagogisme » des pourfendeurs déclinistes. L’autre face de l’attaque techno est celle que mène les technophiles institutionnels qui promeuvent une vision idyllique et étatique du « numérique éducatif » et cherchent le soutien des hauts décideurs pour financer leur plan pharaonique.

Se dessine une alliance bizarre entre une gestion technocratique se réclamant de l’efficacité et un discours de substitution au profit du numérique qui est présenté comme la solution d’avenir face aux difficultés scolaires. Cette alliance prône un contrôle strict sur les productions des enseignants et leurs travaux collaboratifs tout en laissant dans un angle mort le contexte géopolitique et industriel de la « révolution numérique » qui est l’œuvre des GAFAM, les vrais « seigneurs numériques ».

Sélection Livre : Vers une nouvelle guerre scolaire, quand les technocrates et les neuroscientifiques mettent la main sur l’éducation nationale, de Philippe Champy

Comme ces nouveaux hauts technocrates entendent dicter au système scolaire sa nouvelle ligne de conduite, ils pensent que l’expertise ne peut pas reposer sur l’expérience professionnelle des professeurs et des auteurs de manuels ou d’autres outils pédagogiques. Même s’ils sont éclairés par les recherches en éducation et en cognition comme c’est souvent le cas. Selon eux, la vraie expertise doit être scientifique et externe, en surplomb. C’est ici qu’on retrouve le courant de « l’evidence based education » (« l’éducation fondée sur la preuve »), issu du monde anglo-saxon, qui prétend pouvoir identifier les « bonnes pratiques » des enseignants à partir de comparaisons observées statistiquement, sans entrer dans une compréhension fine des mécanismes cognitifs et didactiques...

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