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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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Recueillir l'information, recueillir les données

 

On peut effectuer un recueil de données quantitatives ou qualitatives. Ce choix influe nécessairement les analyses et en détermine la méthodologie. Ce choix est effectué selon le domaine de recherche et la problématique. Ce que l'on souhaite comprendre d'un phénomène est déterminant pour l'obtention d'informations chiffrées ou cliniques. Préfère-t-on obtenir des statistiques ou des paroles ? 

 

Le recueil des statistiques

 

Commençons par le recueil statistique. La population, qui intéresse le travail de recherche est, constituée par l'ensemble des sujets concernés par les hypothèses posées dans la problématique. Dans un grand nombre de cas, il est difficile, voire impossible, de réaliser une recherche auprès de tout l'ensemble des sujets concernés par les hypothèses. Il est alors nécessaire de recourir à un judicieux échantillonnage.

L'échantillon est une fraction de la population concernée présentant les mêmes caractéristiques que l'ensemble de la population général. La taille de l'échantillon de la population dépend de la taille de la population et éventuellement d'autres impératifs de l'étude à réaliser. Un échantillon représentatif d'une population permet de produire des estimations et de tester des hypothèses. Pour construire un échantillon, on peut avoir recours à une méthode probabiliste. On fait des probabilités. Ou bien à une méthode aléatoire avec laquelle on fait une estimation qui constituera la base de l'extrapolation. L'échantillonnage aléatoire simple consiste à réaliser un tirage de numéro de sujet à partir d'une base de données, c'est-à-dire d'une liste exhaustive de tous les sujets de la population (par exemple les numéros de liste électorale, les numéros de dossier d'étudiant, les numéros de téléphone...) Un tirage systématique permet de  prendre en compte un intervalle régulier par exemple : tous les 40 sujets, tous les 120, tous les 160, sont les premiers numéros tirés. Il existe aussi l'échantillonnage par grappe : on prend comme unité un groupe de sujets et l’on enquête auprès de tous les sujets contenus dans une unité . On a aussi l'échantillonnage stratifié et segmentaire. La stratification résulte du découpage de la population en fonction de différentes variables : classe d'âge, catégorie socioprofessionnelle, situation de famille... La population est classée en sous-population ou strates et pour chaque strate, un tirage aléatoire est réalisé. Le choix des strates prises en compte dépend de ce que l'on recherche, de la problématique. 

 

L'échantillonnage par quota ou proportionnel consiste à réaliser un échantillon identique à la population au niveau de certaines caractéristiques ou variables contrôlées. Les quotas sont choisis en fonction des statistiques connues sur l'objet d'étude. Pour les petits échantillonnages, la méthode des quotas donne de bons résultats, pour les gros échantillonnages, la méthode probabiliste est préférable. Voir la théorie mathématique des probabilités et le calcul des probabilités. Les échantillons non représentatifs sont acceptables pour des sujets présentant des caractéristiques rares. On peut aussi utiliser des techniques d'échantillonnage mixte, c'est-à-dire un échantillonnage probabiliste sur un échantillonnage empirique.

 

Une méthode empirique qui se fonde uniquement sur l'expérience, sur l'observation peut mixer le qualitatif et le quantitatif. Par exemple un sondage sur un panel de sujets permet d'en cerner un certain nombre formant une typicalisation de sujets avec lesquels élaborer une expérience empirique et même des entretiens.

 

Notons que les méthodologies issues de l'investigation ergonomique présentent des intérêts à la fois qualitatifs et quantitatifs. Par exemple, pour comprendre le travail dans un atelier, on peut remplir une fiche d'observation afin d'obtenir des données chiffrées comme mesurer le temps à effectuer une activité, la vitesse de déplacement, la fréquence de tel ou tel acte; à côté de cela, des entretiens qualitatifs permettent d'obtenir des significations sur ce qui a été observé et mesuré (voir l'approche ergonomique).

 

Le terrain de recherche 

 

Il s'agit du lieu où se situe l'échantillon de la population. Un certain nombre de contraintes peuvent surgir. Lors de la construction de la problématique, il conviendra d'envisager la pertinence, la faisabilité voire le moyen de contourner des contraintes. Aux aspects très théoriques de la recherche s'adjoignent des aspects très pragmatiques, lesquels peuvent s'avérer bloquants s'ils ne sont pas analysés et maîtrisés. 

 

Les variables de recherche 

 

Les variables sont des caractéristiques qui sont liées à des concepts et permettent de rendre mesurable un phénomène. Par exemple, le concept d'apprentissage peut être lié à une capacité mesurable de mémorisation. Certaines variables permettent une classification, d'autres variables permettent une mesure numérique. Par exemple la classification par appartenance régionale ou bien le nombre d'enfants, le nombre d'années d'études comme mesure. 

 

On distingue des variables indépendantes et des variables dépendantes. La variable indépendante et celle que le chercheur manipule pour mesurer l'effet : il s'agit de la cause supposée du phénomène étudié qui a été explicitée dans la partie problématique du mémoire. Les variables indépendantes sont choisies par le chercheur pour valider ses hypothèses. Ces variables peuvent être justifiées par des travaux antérieurs sur la thématique de recherche et/ou par les hypothèses émises par le chercheur. 

 

Il apparaît ici que la revue de littérature sur la thématique de recherche est indispensable avant toute rédaction de la problématique. La consultation des sources bibliographiques réalisées lors de la construction de la problématique va permettre de réaliser un choix pertinent de variables en repérant celles qui sont susceptibles d'être déterminantes, c'est-à-dire qu'elles différencient des groupes homogènes de sujets ou de pratiques. L'enquêteur tend à contrôler et analyser les effets d'une caractéristique des sujets ou de leur environnement humain ou physique sur le comportement ou le phénomène étudié. Il postule qu'en modifiant une condition donnée, il pourra constater une certaine modification. Ainsi l'affluence de cette condition sera alors déterminante sur les résultats obtenus. La variable dépendante est la conséquence ou la résultante de l'action de la variable indépendante. 

Par exemple si je pose l'hypothèse de recherche que le sentiment d'être trop différent pour être compris par autrui génère une inhibition du discours d'un individu :  la variable indépendante est le sentiment de différence et la variable dépendante est l'inhibition du discours. L'une est la cause, l'autre la conséquence (la variable dépendante). La variable indépendante est supposée avoir un effet sur la variable dépendante. Par exemple, la confiance en soi qui est une variable  indépendante aura un effet sur l'inhibition de l'action (variable dépendante). 

 

Il existe enfin des variables parasites qui interviennent parfois dans le protocole de recherche sans avoir été invitées. Ce sont des variables non contrôlées que le chercheur n'a donc pas prises en compte, mais qui interviennent dans le déroulement de l'étude. Il convient alors de se demander si l'effet obtenu (variable dépendante) est bien attribuable à la variable indépendante ou bien s'il y aurait d'autres variables non contrôlées. C'est un passage complexe pour l'analyse. 

Sachons que si l’on augmente le nombre de variables, le nombre de sujets nécessaires pour mener à bien l'investigation sera d'autant plus augmenté. Il est donc souhaitable de se limiter aux variables les plus pertinentes, c'est-à-dire celles qui sont susceptibles d'être discriminantes, de permettre de catégoriser les choses.

 

 

À venir la partie 3 de la saison : les outils d'investigation 

 

 

Allons d'emblée un peu plus loin en voyant l'interprétation et la discussion des résultats. Une fois les données analysées, celles-ci font l'objet d'une interprétation à visée explicative.

Les explications sont fournies par la possibilité d'établir des liens entre les différentes données analysées. Un élément n'est jamais expliqué isolément, c'est à la lumière des autres éléments d'analyse qu'il prend tout son sens, et ainsi il est possible de saisir un phénomène dans son ensemble. Tous les éléments analysés sont progressivement intégrés dans un ensemble homogène ne souffrant aucune discordance. Dans le cas contraire, c'est l'ensemble qu'il faudrait reconsidérer à la lumière d'un puzzle. Et si jamais un élément ne s'intègre pas à l'ensemble, tout est à revoir pour identifier la pièce qui a été placée au mauvais endroit. Si toutes les données ne s'harmonisent pas, il conviendra alors de vérifier si des variables parasites n'ont pas biaisé l'étude ou bien si le recueil de données a été suffisamment fiable, suffisamment complet ou encore si les liaisons interprétatives sont suffisamment pertinentes, ou étayées. 

L’interprétation revisite finalement les résultats obtenus, leur cohérence, leur particularité, leur signification profonde. L’interprétation corrige ou met en perspective les résultats. Elle  construit du sens ou une logique explicative du phénomène, qui va au-delà de ce que les sujets ont dit ou bien montré. Interpréter conduit à regarder les résultats sous un autre angle. Le chercheur doit prendre un vrai recul face à l'ensemble de ses données analysées. Il n'est pas inutile de penser en termes de schématisations, de cartes heuristiques. Il convient en effet d'effectuer une mise en perspective de l'analyse obtenue, de ce que les auteurs ont dit au travers de la revue de littérature effectuée. Il faut prendre un recul critique, singulier, forcément personnel, celui du chercheur, qui à sa manière va apporter une pierre au monde de la recherche, une contribution aussi minime soit-elle à la pensée universitaire sur un phénomène donné.

 

Les conclusions de la recherche confirment ou infirment les hypothèses. Elles rendent compte de ce qui a été démontré, de ce qui n'a pu l'être et pourquoi. Elles discutent des limites de l'investigation. Elles sont enfin production de nouvelles hypothèses qui pourraient être le point de départ d'une nouvelle recherche. Les conclusions esquissent le futur...

 

 

À suivre

 

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