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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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L'ingénierie de formation

L'ingénierie de formation est un travail de conception d'action de formation. Elle appelle des savoirs en analyse des besoins de formation, en pédagogie et en didactique. Si la didactique est l'étude fine des savoirs à faire apprendre de la meilleure façon en fonction de leurs caractéristiques  et des difficultés d'apprentissage, la pédagogie est un art, celui de faire opérer des acquisitions.

Apprendre revient à intégrer dans son bagage mental un ensemble de savoir, de savoir-faire et de savoir-être nouveaux qui vont enrichir la personne qui apprend. Les mécanismes essentiels de l'apprentissage sont la compréhension et la mémorisation ainsi que la perception et la réflexion. Les mécanismes de compréhension sont identiques chez un jeune et un adulte dès lors qu'est acquise la capacité de raisonnement abstrait, en moyenne vers l'âge de 12 ans.

La mémoire est un magasin de stockage de savoirs. Naturellement, la mémoire de l'adulte est  plus remplie;  elle est ainsi mieux sollicitée lorsqu'arrivent des informations nouvelles à catégoriser auprès d'informations déjà stockées. On peut dire que la mémoire est ainsi mieux sollicitée comme un agent intelligent de classement des informations nouvellement acquises. Cela étant la grande différence entre un adulte et un enfant qui apprend relève du fait que l'adulte dispose d'un capital de connaissances et d'expériences important.

L'adulte a acquis des savoirs dans un parcours scolaire, et souvent universitaire, parfois dans des formations d'adultes antérieures. De plus, il a construit une expérience personnelle et professionnelle avec un riche développement de savoir-faire, d'attitudes, de savoirs d'action, voire de savoirs buissonniers, devenus des savoirs épistémiques à la suite d'un travail de réflexivité. Du coup, la relation pédagogique entre un public d'adultes et un jeune public ne peut être égale. L'enfant apprend ce qu'on lui dit d'apprendre sans se poser de questions afin de réussir un diplôme ou un concours, l'adulte apprend pour comprendre ce qu'il apprend, savoir en quoi cela lui sera utile, imaginer le transfert de ce qu'il a appris dans d'autres situations. L'adulte cherche avant tout une valeur d'usage d'une formation pour son activité professionnelle ou personnelle, qui est présente ou à venir.

Dans le prolongement de la différenciation entre l'apprentissage des jeunes et l'apprentissage des adultes, Palazzeschi prend l'image d'un arbre. Les racines sont l'éducation qui permet d'intégrer les normes de la vie sociale d'une société donnée ; on apprend à utiliser les codes, les règles, les comportements, les valeurs régissant les relations sociales. L'éducation relève essentiellement d'un proche environnement : la famille, le quartier, les cercles d'activité. Cette éducation concerne l'enfant. Le tronc de l'arbre constitue l'enseignement général qui procure le bagage de connaissances, de méthodes, de cultures considérées comme nécessaires à l'insertion sociale et professionnelle, voire à la poursuite de futures acquisitions spécialisées. C'est un enseignement général d'un socle commun de connaissances et de compétences, que tout a chacun doit posséder. Les grosses branches de l'arbre sont formées par la formation professionnelle initiale préparatoire à l'exercice d'une activité professionnelle dans une branche professionnelle donnée qui prépare précisément à un futur métier en faisant acquérir des savoirs, des savoir-faire nécessaires à l'entrée en fonction. Enfin, les petites branches constituent les formations spécialisées ou des formations spécifiques visant le perfectionnement ou le développement de nouvelles compétences précises pour les tâches ou des fonctions précises dans un contexte donné, selon un emploi spécifique. Ces formations représentent le plus gros des formations qui sont organisées par les entreprises et les administrations sous l'intitulé de plan de formation.


Ainsi, nous le voyons, les situations de formation d'adultes sont différentes des situations scolaires. Les situations pédagogiques en formation d'adultes ne sont pas construites et conduites de la même manière que des situations scolaires pour jeunes enfants. L'organisation scolaire répond à une logique institutionnelle ; le système scolaire est institutionnalisé et piloté par un ministre. Il participe de la volonté de développement démocratique et républicain. Il en découle une organisation donnée et des programmes scolaires que les enseignants doivent absolument suivre. En revanche, l'organisation de la formation des adultes répond à une logique de demande au cas par cas, très localement. Cette demande est précise et située. La formation des adultes appartient au marché commercial. Elle relève du modèle de la prestation de service ou plus précisément du modèle de la prestation intellectuelle (Palazzeschi). L’ingénierie de formation consiste à construire une prestation de formation pour répondre localement à une demande précise et située   contextualisée. La logique d'enseignement est une préparation à une réalité ultérieure, la logique de formation répond à une préoccupation présente qui se pose dans une entreprise, auprès de professionnels qui doivent résoudre des problèmes professionnels ou s'adapter à de nouvelles réalités professionnelles.

Palazzeschi définit la formation comme faire acquérir par des personnes des compétences d'action qui sont situées. Ce qui impacte le statut de la relation pédagogique, car le formateur forme une personne, un professionnel. La pédagogie employée est une pédagogie fonctionnelle et non purement une pédagogie culturelle comme dans la formation initiale que constitue l'enseignement général. Cette logique fonctionnelle présente naturellement des exigences de résultat, de cohérence, de communication.


Il existe plusieurs typologies de formateur. Il y a le formateur qui est un professionnel expert dans son domaine, il y a le formateur qui croit à la formation comme une dynamique pour faire avancer les individus. Il y a le formateur qui apprécie la conceptualisation, car rien ne vaut pour lui une bonne théorie. Il y a le formateur qui adore partager, échanger et se vit comme un poisson dans l'eau avec son groupe de stagiaire.


La formation des adultes s'inscrit dans une réglementation précise, dans un droit de la formation et un droit à la formation. Elle est concernée par des réglementations sur l'accès, les financements, les droits et obligations des prestataires et des stagiaires, le code du commerce et le code des marchés publics. Il existe un outil documentaire de référence qui est constitué de fiches pratiques de la Formation continue du centre Inffo.
Nous comptons des formations pour la prise de fonction, des formations de débriefing après la prise de fonction, des formations pour un projet de mobilité professionnelle, des formations de transformation interne à l'entreprise, des formations à l'emploi ainsi que des formations catalogue ou encore des formations spécifiques. Sur le marché de la formation, un certain nombre d'organismes de formation proposent des actions de formation conçues dans une logique de produit. Une autre logique est celle de la formation à la carte qui part de réels besoins de formation dans l'entreprise, adaptée à une problématique à résoudre et aux salariés concernés. Le commanditaire s'appelle aussi le donneur d'ordre, le prescripteur ou le maître d'ouvrage. Il est celui qui commandite la formation, qui énonce ce à quoi il veut que la formation d'adultes puisse servir.

L'organisateur ou le responsable de formations ou l’ingénieur de formation est celui qui conçoit l'action de formation, la met en œuvre et l'évalue. Les formateurs sont ceux et ceux qui conduisent l'action pédagogique. Les formateurs peuvent être des formateurs professionnels travaillant dans des organismes de formation continue des adultes, des formateurs qui exercent dans des centres de formation intégrée à des entreprises ou des administrations ou bien des formateurs non professionnels ou occasionnels, souvent des experts à qui il est confié plus ou moins ponctuellement la conduite d'intervention ou de stage dans leur propre entreprise ou organisation. Le formateur est porteur d'une responsabilité pédagogique, à savoir faire opérer les acquisitions de savoir qui sont visées par la formation. Les stagiaires, qui sont à juste titre des apprenants, forment le public de la formation. Ils peuvent être sollicités pour recueillir des informations, des représentations initiales, des indices de difficultés d'apprentissage utiles pour concevoir l'action de formation. On peut aussi les solliciter pour observer la mise en œuvre des acquisitions de la formation sur le terrain professionnel, ce qui peut constituer une forme d'évaluation in situ, en situation professionnelle.


La construction d'une situation pédagogique consiste à développer un espace-temps dont la vocation est de faire acquérir par un public donné des savoirs, des savoir-être ou des savoir-faire identifiés, c'est l'endroit où l'apprenant opère des acquisitions par son activité personnelle d'apprentissage, face au formateur qui est chargé d'organiser et de conduire la situation afin de faciliter les opérations d'acquisition qui sont visées. En général, la construction pédagogique répond à la question du comment à la suite d'un questionnement sur qui sont les apprenants et de quoi ont-ils besoin, que doivent-ils acquérir ? La réponse à cette question permet de rédiger un objectif pédagogique qui doit préciser la compétence ou les connaissances que les apprenants doivent acquérir à l'issue de la séquence pédagogique et cela à l'aide d'un verbe d'action. Les verbes d'action sont des observables contrairement aux verbes qui énoncent des activités mentales qui sont invisibles. Retenir, réfléchir, comprendre sont par exemple des activités mentales, elles ne sont pas observables, et du coup non évaluables dans leur acquisition. Énoncer un savoir-faire exige un verbe d'action. L'objectif pédagogique présente des exigences dans sa formulation ; il est préférable de l'écrire pour mieux y réfléchir. Il détermine une séquence pédagogique. Il utilise la formule : "à la fin le stagiaire est capable de" ; ce qui souligne l'exigence de la relation pédagogique et une logique de réussite.


Nous avons l'objectif d'action qui est ce qu'il faut faire dans la formation, qui relève de la responsabilité du commanditaire. L'objectif de formation est ce qu'il faut savoir faire pour faire. L'énoncé de l'objectif d'action est le point de départ de la construction du plan de formation. Les objectifs pédagogiques sont des objectifs donnés pour une séance de formation, ils peuvent être accompagnés de sous objectifs opérationnels.
La rédaction des objectifs pédagogiques est concomitante avec celle des modalités d'évaluation. Quelle que soit l'évaluation, il s'agit de recueillir des informations fiables, de donner une valeur à l'information recueillie, de savoir interpréter ou analyser les raisons d'une acquisition ou d'une non-acquisition, d'un déroulement satisfaisant ou insatisfaisant, d'une mise en œuvre effectuée ou mal effectuée. Il s'agit de savoir mesurer la proximité ou la distance entre l'information recueillie et une valeur étalon, afin de décider en dernier lieu d'une action conséquente de remédiation. L'évaluation en formation n'est jamais un contrôle scolaire ni un contrôle professionnel. C'est observer le transfert de savoir appris en situation de formation sur le terrain des situations professionnelles.

Sous le mot évaluation, selon Palazzeschi, nous trouvons trois pratiques distinctes : l'évaluation pédagogique d'appréciation des acquisitions, l'évaluation de fin de formation ou le bilan, les évaluations d'après formation ou le suivi de formation. Les évaluations sont conduites à des moments successifs et par des acteurs différents.
Une situation pédagogique est dédiée à l'acquisition de savoir sous la conduite d'un formateur, avant tout un facilitateur d'acquisition. Il y a toujours des acquisitions à faire opérer par les apprenants, un choix d'activités pertinentes qui permettent l'opération des acquisitions, une régulation de la situation pédagogique par le formateur, un étayage spécifique auprès d'apprenants spécifiquement en difficulté, une appréciation des acquisitions effectuées au côté d'un travail de conceptualisation et métacognition fourni par les apprenants.


Faire opérer des acquisitions de savoir signifie que c'est bien l’apprenant qui opère la construction des savoirs de son propre mouvement ; ce qui suppose une approche de type socioconstructiviste de l'apprentissage. Le formateur est un moyen, un accompagnement, un facilitateur. Son expertise consiste à mettre en place les conditions d'une pédagogie de la réussite, au regard d'un savoir simple qui ne présente pas de difficultés majeures de compréhension ou de savoirs complexes dont la compréhension nécessite d'intégrer un vocabulaire nouveau, de réfléchir à des modalités nouvelles, de mobiliser des connaissances existantes pour les mettre en relation, d'explorer divers cas de figure, de comparer, de nuancer, de remettre en question des idées toutes faites. Il existe aussi des savoirs simplement applicatifs à partir d'un modèle donné, des savoirs méthodologiques, des savoir-faire relationnels, des savoir-faire gestuels, des savoir-faire langagiers comme un savoir dire ou un savoir rédiger. À notre époque, le savoir s'informer prend de plus en plus de place face au réseau numérique, à l'Internet qui démultiplie les sources d'information et d'apprentissage. Ce qui suppose d'apprendre à identifier les sources fiables d'information utile, de pouvoir les référencer à des études sérieuses, et de disposer d'une méthodologie de recherche documentaire efficace.


Notons qu'un savoir est une aptitude à penser la réalité, il est conceptuel et mental. C'est un acte de compréhension de la réalité. Un savoir-faire est une capacité à agir sur cette réalité, c'est un acte de transformation de la réalité. La formation des adultes n'ignore pas les savoirs culturels dans le cadre de formation générale, de préparation à des concours. Cela peut aussi concerner une offre déconnectée des contingences de l'emploi de manière à instaurer une culture d'entreprise.


Notons également qu'une compétence est un savoir agir dans un contexte donné.
Il existe un éventail d'action de formation. Nous avons les conférences, les journées d'étude, les séminaires de recherche, la formation par projet, la formation alternée, la formation-action, l'action de formation intégrée à l'entreprise ou à l'organisation, la formation d'accompagnement d'une mission ou d'une fonction, la formation qualifiante, la formation diplômante, la formation en alternance, la formation à l'échange de pratique professionnelle, etc...

L'ingénierie pédagogique

Elle suit la logique d'ingénierie de formation. La pédagogie est toujours une affaire de choix. Elle articule modèle pédagogique, méthode pédagogique et technique pédagogique.


La pédagogie s'inscrit dans un système de valeurs, une réflexion générale sur ses finalités de la formation. Pour l'école, cette réflexion serait quel type d'individus la société veut-elle éduquer ? Il s'agit d'une référence sociétale. Pour une entreprise ou une administration, il s'agit d'interroger quel type de collaborateurs est souhaité :  autonome, capable de prendre des initiatives ou aux ordres d'une direction souveraine?


Le modèle pédagogique est une mise en musique des valeurs référentes de la formation. Le modèle indique une orientation qui appelle un certain nombre de choix pédagogiques et en exclut d'autres, au nom d'une cohérence et d'une efficacité. Une méthode pédagogique est une logique d'apprentissage qui va donner corps à une formation donnée. Les méthodes pédagogiques sont essentiellement la méthode expositive, où le formateur exposé un savoir au sein d'une relation dialoguée avec les apprenants, la méthode démonstrative où l'objectif est de montrer et faire apprendre des gestes par l'imitation. Cette méthode est proche du behaviorisme qui produit des comportements. La méthode de la Découverte conduit les apprenants à explorer, à se poser des questions, à tâtonner, à confronter des avis différents, à trouver des solutions pour résoudre une problématique donnée. La sollicitation du raisonnement, et de la réflexion sont des facteurs incontestables de réussite des activités en faveur d'acquisitions réelles. Les apprenants sont ici cognitivement actifs.
La technique pédagogique est un procédé utilisé par le formateur en vue de faire opérer par l'apprenant une acquisition donnée. Les  techniques pédagogiques s'inscrivent dans une méthode pédagogique ; il est des techniques qui peuvent s'utiliser que dans le cadre d'une méthode précise, et d'autres qui s'utilisent dans différents cadres de différentes méthodes. Ainsi le formateur dispose d'une boîte à outils de techniques pédagogiques dans laquelle il peut piocher ce qui sera le plus efficace et pertinent pour faciliter l'apprentissage. L'acte d'apprendre est un acte qui relève de celui qui apprend et de lui seul , on ne peut apprendre à la place d'autrui.

L’apprentissage est une activité mentale qui mobilise le cerveau,  c'est un travail mental actif. L'apprenant perçoit des informations nouvelles en vue de les comprendre. Les sciences cognitives précisent bien finement la mécanique d'apprentissage, à partir d'une approche piagétienne. La mémorisation ainsi que l'automatisation sont des critères importants d'apprentissage.


Il existe 3 facteurs qui facilitent la réussite des acquisitions de savoir: la motivation ou le carburant du moteur cognitif qui renvoie à la question du sens de l'apprentissage. Le "pourquoi apprendre?" est très important pour les adultes. S'agit-il de développement personnel, d'évolution professionnelle, d'insertion nouvelle, d'acquisition d'un nouveau geste de métier ? L'estime de soi est aussi un facteur essentiel, elle procure la confiance, autorise l'ambition, la prise de risque et relativise les échecs qui ne sont que juste des passages pour mieux réussir ensuite. Le désir d'apprendre est aussi un facteur qui permet l'engagement, l'effort et la persévérance.
Réussir consolide la motivation l'estime de soi et le désir d'apprendre. Il appartient au formateur de ne jamais perdre de vue les fonctions de cette réussite. Pour encadrer la réussite, cela implique chez le formateur de faire preuve à la fois de rigueur et de souplesse, de savoir écouter les apprenants, de disposer d'une mallette des divers procédés pédagogiques pour faire opérer une acquisition par d'autres moyens que ceux auxquels on avait initialement pensé, ce qui revient à de la différenciation pédagogique, s'assurer enfin des acquisitions par des évaluations formatives et enfin veiller à ce que le groupe d'apprenant soit suffisamment homogène, avec un rythme commun de travail, dans un climat socioaffectif favorable. Un groupe d'apprenants trop hétérogène présente de trop grands écarts pour favoriser la réussite de l'ensemble des stagiaires. Pour préparer son face-à-face pédagogique, le formateur doit se poser un certain nombre de questions : qui sont les stagiaires ? Que doivent-ils acquérir ? De quoi le stagiaire doit être capable à la fin de la séance? Quelles activités les apprenants doivent-ils effectuer pour acquérir de nouveaux savoirs ? Comment conduire une relation de communication et de régulation pendant la séance de formation ? Comment se préoccuper de l'appréciation des acquisitions ? Et enfin comment remédier si nécessaire face à des lacunes d'apprentissage pour certaines personnes? Le formateur conduit une formation que la durée soit courte ou longue. Il en est complètement responsable s'il n'y a pas d'animateur qui l'aide. L'intervenant prend en charge un moment, un thème ou une demi-journée dans une formation qui est conduite par le formateur, il intervient pour l'expertise qu'il possède.

Démarrer une formation

Pour démarrer une formation, vérifier la configuration de la salle, voir si elle est conforme à ce qui est souhaité, éventuellement réinstaller en U une salle qui est trouvée en rang scolaire, vérifier tout le matériel utile ainsi que les équipements nécessaires fonctionnent correctement.

Démarrer une formation, c'est d'abord savoir accueillir les apprenants avec bienveillance et courtoisie. L'accueil est un moment clé ou il convient de briser la glace entre inconnus et de procéder à la création d'une forme de dynamique de groupe : on peut utiliser des jeux brise-glace ou des jeux de présentation de soi originaux. Procéder à la présentation de l'institution de formation, à la présentation du formateur et à la présentation des stagiaires avec un tour de table : qui êtes-vous, où travaillez-vous ? Quelle est votre fonction ? En quoi est-ce que vous êtes concerné par cette formation ? Qu'attendez-vous de cette formation? Et dites un mot qui vous caractérise ou bien votre mot préféré, afin de stimuler des activités brise-glace à venir. Dans l'idéal, on pourrait imaginer une formation qui commence par des jeux d'expression corporelle tels qu'on les observe dans les séances de yoga du rire qui créent très rapidement un esprit d'équipe, une mise en confiance et une stimulation psychologique et physiologique. Procédez à l'annonce de l'intitulé de la formation ensuite, des objectifs d'acquisition, du plan de la formation, et des techniques pédagogiques employés. Présenter les documents distribués, et bien sûr les conditions matérielles ainsi que les règles de vie collective durant la formation. Installer la relation pédagogique en montrant son souci de l'autre comme apprenant. Le souci principal du formateur est de faire acquérir des savoirs aux apprenants et que ces acquisitions leur soient utiles sur le terrain professionnel et personnel. C'est ainsi signifier le souci pédagogique de la question du sens de la formation. 

Il convient aussi en début de formation de relever les attentes des stagiaires par un jeu de questions-réponses ou des jeux issus de quelques méthodes actives. Enfin, il convient de se préoccuper de la réponse aux attentes des stagiaires, de ne pas simplement écouter, mais d'agir. Éventuellement, organiser des compléments de formation pour répondre à des attentes où diriger les stagiaires vers des bibliothèques ou des sites internet d'autoformation. 

Des difficultés d'acquisition des apprenants ?

Face à des difficultés d'acquisition des apprenants, il convient bien sûr de ne pas les déconsidérer, mais de se mettre à la place du stagiaire en difficulté. Il ne faut pas culpabiliser le stagiaire en difficulté, mais faire preuve de patience et chercher avec lui à comprendre ce qui empêche ou perturbe un apprentissage.

Cela peut être des difficultés liées à la mémorisation, à la compréhension ou des difficultés à opérer une rupture épistémologique entre ce que je sais, ce que je croyais savoir et ce que l'on me présente de nouveau qui provoque du conflit intérieur avec soi-même, son rapport à ce savoir ancien. Cela peut réactiver des formes de mésestimes de soi. Le formateur peut aussi rencontrer des difficultés liées à des blocages du vécu antérieur, à une fragilité psychologique, à des représentations empreintes de trop grandes valeurs personnelles, ou à un refus des nouveautés difficiles à admettre. Parfois la difficulté d'apprentissage relève d'une mauvaise pédagogie, d'un mauvais choix de techniques pédagogiques, dès lors le formateur doit agir avec humilité et savoir s'adapter, modifier du tout au tout dès le lendemain sa pédagogie. Pour clôturer une formation, il convient de focaliser sur les acquisitions essentielles qui étaient visées, d'effectuer une forme de synthèse générale des acquisitions effectuées pendant l'action de formation, de revisiter les attentes de manière à voir si la formation a pu répondre, de répondre à de nouvelles questions éventuelles et de communiquer sur la mise en œuvre des acquisitions sur le terrain personnel ou professionnel. De plus,  procéder à une évaluation de fin de formation ou une évaluation bilan : est-ce que cette formation a répondu à vos attentes? Ou bien cette formation a-t-elle répondu partiellement à vos attentes ou à toutes vos attentes ? Quelles nouvelles questions ont surgi pour vous ? Pouvons-nous en discuter ? Comment pensez-vous mettre en œuvre vos acquisitions nouvelles ? Vous sentez-vous prêt ? Vous sentez-vous équipé de savoir-faire suffisants pour un transfert sur le terrain professionnel ? 

Enfin, s'il est prévu un suivi de la formation, il est préférable de le décrire autant que possible pour rassurer les apprenants et répondre à leurs questions.

Objectifs pour apprendre

Devenir autonome, acquérir une confiance en soi, développer sa curiosité, se poser des questions, vouloir trouver des réponses, s'intéresser à l'actualité, mener à bien une production, être capable de concevoir, développer un esprit critique, développer sa créativité, se socialiser, élaborer et mener à bien un projet individuel ou collectif, s'organiser dans son travail, se connaître et se construire une méthode personnelle d'apprentissage, apprendre et savoir utiliser un cours  ou un exposé, apprendre à utiliser des notes, développer un esprit de recherche, s'approprier des mots de vocabulaire, mémoriser et restituer, lire et choisir des modes de lecture adaptés, bien s'exprimer par écrit, construire une introduction un développement et une conclusion, reconnaître et utiliser, élaborer diverses sortes de textes, faire des synthèses, exploiter des documents variés, développer un esprit d'analyse en utilisant les mots clés et les idées clés, organiser un savoir avec des cartes mentales, des synthèses, des plans, traduire sous une autre forme les éléments de savoir avec des schémas, des graphiques, des nuages de mots, des cartes mentales, s'exprimer correctement à l'oral, comprendre et reconnaître un énoncé, une consigne, une thématique. Progresser en orthographe, diminuer le pourcentage d'erreurs orthographiques, comprendre ses erreurs en apprenant à les analyser, élaborer et présenter une production, utiliser des modèles analogiques, mener une enquête ou une interview, savoir s'évaluer, se situer, se corriger.

Opérations cognitives pour apprendre :

- Reconnaître, discriminer, identifier un élément comme appartenant à une catégorie donnée.

- Anticiper, imaginer, prévoir à l'avance, se projeter dans l'avenir. 

- Se décentrer, voir un phénomène ou une production d’un point de vue « méta » ou plus haut, développer un esprit critique, savoir changer de point de vue…

- Analyser en partant du complexe pour aller vers le simple en distinguant tous les éléments qui composent le phénomène. Mettre en relation causes et conséquences, tirer les conséquences d'une action, trouver les différentes idées clés ou mots clés d'un texte, découvert tous les paramètres intervenant dans un phénomène, élucider une situation problème,  tirer tous les renseignements possibles des données contenues dans un document, un tableau, un graphique, détailler les différentes relations matérialisées par un schéma, faire des démonstrations, débattre, mener des analyses critiques, développer l'argumentation.

- Synthétiser pour passer du particulier au général, c'est-à-dire mettre en relation un certain nombre d'éléments ponctuels afin de construire une connaissance cohérente, à partir de faits, à partir d'exemples, élaborer une idée générale, une loi, une notion, une règle, algorithme un concept, c'est une démarche proche de l'induction plus favorable à l'abstraction, à la formation de concepts. Les activités pédagogiques peuvent relever de trouver ce qu'un ensemble d'objets ont en commun, émettre des hypothèses sur la cause possible d'observation qui vont dans le même sens, dégager une ou des idées essentielles communes, mener des activités de comparaison, organiser un ensemble d'idées pour les présenter sous la forme d'un plan, insister davantage sur les éléments identiques, construire des concepts simples avant de les complexifier en découvrant quels sont les critères essentiels qui les définissent, réaliser un schéma illustrant le phénomène analysé, construire une règle générale et trouver des exemples, qui entrent ou qui n'entrent pas dans la règle (démarche proche de la déduction).

- Intégrer : mettre en relation les nouvelles connaissances avec le savoir déjà existant de manière que les résultats obtenus soit cohérents, ce qui conduit à vivre des ruptures, à être placé devant des faits nouveaux contredisant ce que l'on pensait rendant obligatoire d'élaborer un nouveau modèle explicatif plus global. 

- Dialectiser les notions de manière à ne pas les séparer les unes des autres, les dialectiser consiste à mettre en relation par une sorte de va-et-vient ensemble des éléments isolés afin d'accéder à une compréhension plus globale, c'est approcher un champ  conceptuel, de référence ou les concepts peuvent être opérationnels afin de pouvoir aussi l'élargir. Repérer les éléments divergents pour mieux consolider le champ conceptuel, les nouvelles catégories obtenues.

Références :

- Manuel du formateur: Volume 1. Ingénierie de formation, 2015 de Yves Palazzeschi

- Ingénierie de formation - 5e éd. -Intégrez les nouveaux modes de formation dans votre pédagogie: Intégrez les nouveaux modes de formation dans votre pédagogie, 2017 de Thierry Ardouin

- La boîte à outils des formateurs - 4e éd. Broché – Livre grand format, 2020 de Fabienne Bouchut 

 

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