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Cours universitaires et travaux de recherche sur les questions d'apprentissage des jeunes et des adultes, science du développement humain, sciences du travail, altérités et inclusion, ressources documentaires, coaching et livres, créativités et voyages. Philippe Clauzard : MCF retraité (Université de La Réunion), auteur, analyste du travail et didacticien - Tous les contenus de ce blog sont sous licence Creative Commons.  

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Cours FT : Initiation à l'anthropologie : définitions, cultures et identités...
Sommaire du cours:

- définition de l'anthropologie

- regards croisés sur l'anthropologie

- témoignages

- regards spécifiques : enjeux de la culture  et questions d'identité 

- regards sur le multiculturel et l'interculturel 

- la pédagogie interculturelle 

- le management interculturel 

Cours FT : Initiation à l'anthropologie : définitions, cultures et identités...

L'anthropologie est une science, située à l'articulation entre les différentes sciences humaines et naturelles, qui étudie l'être humain et les groupes humains sous tous leurs aspects, à la fois physiques (anatomiques, biologiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) et culturels (social, religieux, linguistiques, psychologiques, géographiques, etc.).

Chapitre le plus vaste de l'histoire naturelle, l'anthropologie constitue une monographie sur le genre Homo, qui décrit et analyse les « faits anthropologiques », c'est-à-dire caractéristiques de l'hominisation et de l'humanité.

Le terme anthropologie vient de deux mots grecs, anthrôpos, qui signifie « homme », et logos, qui signifie science, parole, discours. L'anthropologie constitue jusqu'au xixe siècle une branche du savoir philosophique plaçant l'homme au centre de ses préoccupations mais, avec la naissance des sciences sociales, le terme change de sens pour désigner essentiellement la nouvelle science. La démarche anthropologique « prend comme objet d’investigation des unités sociales de faible ampleur à partir desquelles elle tente d’élaborer une analyse de portée plus générale, appréhendant d’un certain point de vue la totalité de la société où ces unités s’insèrent ».
Cours FT : Initiation à l'anthropologie : définitions, cultures et identités...

L’anthropologie étudie l’humain dans toutes ses manifestations. Pour les anthropologues, la diversité se réfère à un phénomène précis : avec un héritage biologique commun, les humains ont créé une gamme incroyablement riche d’adaptations techniques et d'artifices symboliques qui les aide à survivre et à imaginer l’invisible, l’indicible, et le non réalisable. Et, semblable aux organismes qui se reproduisent en mélangeant des variantes d’ADN, le contact de peuples divers a enrichi la vie de chacun, stimulant l’innovation et revigorant la culture. L’isolement et l’adaptation à l’environnement local qui a produit une diversité d’espèces et de cultures sont à la base de l’évolution biologique et sociale.

Aujourd’hui, cette diversité est menacée par un système mondial où la politique, l’économie et la technologie affaiblissent les frontières. L’anthropologie sait réagir : nous avons développé des moyens pour identifier et analyser les traits qui nous rendent uniquement humains face à cette mastodonte : nos mœurs, nos langues, nos adaptations biologiques, et nos passés souvent restent uniques. Ces dimensions sont même renforcées pour résister au système mondial. Même si la diversité est menacée, notre héritage humain va toujours chercher et produire des cultures ayant des traits uniques.

Afin d’analyser les phénomènes humains, les anthropologues utilisent des techniques variées, qui définissent les quatre sous-disciplines classiques : ces domaines - l'anthropologie biologique, l'archéologie, l'ethnologie (ou anthropologie sociale et culturelle), et l’anthropologie linguistique – utilisent des outils d’enquête qui leur sont propres. Dans un sens, l’anthropologie a un seul sujet – l’humain et sa culture – mais quatre façons de l’étudier.

Donc, les anthropologues peuvent travailler partout :

  • au sein de laboratoires pour analyser les traces laissées par des populations disparues;
  • dans les camps de réfugiés pour témoigner des comportements dans des conditions extrêmes;
  • dans les bibliothèques et archives afin de déchiffrer les langues et autres manifestations de la richesse d'expression typique de notre espèce.
  • dans un temple abandonné, pour déchiffrer les traces symboliques de la communauté que les personnes disparues aient imaginées;
  • avec une épave, pour reconstituer des scènes de transaction de marchandises, un moyen d’échanger des idées et des valeurs;
  • dans des galeries marchandes, pour comprendre comment acheter une chose banale devient une bataille entre un système économique et l’affirmation du Soi;
  • dans des salons et cuisines, pour observer comment l'intimité peut être un lieu-miroir de la communauté;
  • sur un site de blogueurs, pour étudier comment les pseudo-identités peuvent parfois influencent l'individualité;
  • dans un laboratoire, pour analyser comment l'ADN et les traits morphologiques des populations aujourd'hui dispersées démontrent qu'un lien généalogique les unissaient dans le passé;
  • dans des cavernes, pour identifier les traces de cultures disparues et comment leurs occupants s’adaptaient à des environnements en évolution;
  • des salles de conseils des entreprises, pour étudier comment les décisions économiques prétendument « rationnelles » peuvent véhiculer des sous-textes;

Travailler comme anthropologue :

Il n'existe pas de corporation d'anthropologues au Canada ou au Québec. Aucun organisme ne régit l'emploi des anthropologues. Cela explique sans doute en partie le peu de postes spécifiquement voués aux diplômés en anthropologie.

l’anthropologie est, en elle-même, une discipline-carrefour

"Un texte du genre ""ethnologique"" est toujours susceptible d'une double lecture. On peut soit y contempler à quel point les autres sont autres, y ressasser l'évidence troublante que ces gens d'ailleurs ou d'autrefois, pourtant nos semblables, ne sont pas comme nous, y éprouver notre étrange incapacité à penser et à sentir comme eux. Soit au contraire y faire l'apprentissage d'un monde différent : considérant que tout monde humain, si étrange qu'il nous paraisse, n'est jamais qu'une variante d'une série de mondes possibles qui inclut nécessairement le nôtre, on établit quelles modifications de nos manières d'agir ou des leurs il faudrait opérer pour passer d'un monde à l'autre.

Depuis qu'elle s'est constituée, au Siècle des Lumières, l'anthropologie n'a pas cessé d'être traversée par cette question : s'agit-il, sur le modèle d'une zoologie, d'établir les caractéristiques et de dresser l'inventaire comparatif systématique des diverses sortes ou ""espèces"" d'hommes entre lesquelles le genre humain est divisé ? Ou bien s'agit-il de constituer le champ des variations possibles à l'intérieur duquel toute action humaine est nécessairement située ?

Le travail des anthropologues est aujourd'hui surtout perçu comme une production savante de cultures : ils construisent des systèmes complexes de correspondances entre des comportements caractéristiques et des significations indigènes. C'est à ce titre qu'on a recours un peu partout à leur ""expertise"". Mais qu'est-ce qu'une culture sinon une mise en oeuvre pour soi de l'altérité des autres, ou pour les autres de sa propre identité ? On peut au contraire mettre l'accent sur le travail de réduction de l'altérité apparente des comportements humains qu'opère l'explicitation des conditions et des règles des actions dans une situation donnée. Comprendre une action, ce n'est pas déchiffrer le sens d'un comportement en imputant aux indigènes observés des croyances ou des représentations que nous n'avons pas et ne saurions avoir ; c'est l'avoir décrite d'une manière telle qu'elle nous apparaisse comme l'une des manières de faire selon d'autres règles ou dans d'autres conditions ce que nous-mêmes nous faisons."

Le fait social n’est pas un objet stable, mais comme un ensemble de processus qui ne cessent d’évoluer sous l’action des humains (...) il s'agit pour l'ethnologue moins d'identifier un patrimoine commun ou donner un aperçu des cultures du monde, que d’essayer de proposer quelques outils intellectuels qui en facilitent la compréhension. (...) l’homme est un animal social (...) la condition humaine ne peut s’envisager qu’en termes d’organisation sociale (...) l’homme ne se pense qu’au pluriel. Toute pensée de l’homme est sociale et, donc, toute anthropologie est aussi sociologie.

Depuis la fin du XIXe siècle, l’expression cultural anthropology désigne l’enseignement comparatif que l’on peut tirer de l’ethnographie et de l’ethnologie, conçues comme la collecte de données et leur analyse systématique. De leur côté, les auteurs britanniques préfèrent l’expression « anthropologie sociale » à celle d’« anthropologie culturelle », parce qu’ils privilégient l’étude des faits sociaux et des institutions.

Dans les années 1950, Claude Lévi-Strauss a introduit en France l’usage anglo-saxon du terme « anthropologie » (mais sans l’adjectif « culturelle ») en tant qu’étude des êtres humains sous tous leurs aspects. Comme aux États-Unis, le terme détrônait, sans toutefois l’évincer, celui d’« ethnologie ». Le succès du structuralisme, ses répercussions sur les autres sciences humaines d’une part, les liens de l’anthropologie avec la philosophie et la sociologie d’autre part, ont fait qu’en France, lorsque l’on dit aujourd’hui anthropologie « tout court », on entend la discipline qui a affaire avec la diversité contemporaine des cultures humaines.

Livres à lire 

Nathalie Heinich : Ce que l'identité n'est pas

L'identité n’est ni une notion molle, signifiant tout et n’importe quoi, ni, à l’opposé, une réalité substantielle qu’il suffirait d’observer. S’appuyant sur la compilation de nombreux travaux produits dans différents domaines (anthropologie, sociologie, psychologie sociale, psychanalyse, histoire), cet ouvrage de synthèse montre qu’il s’agit d’une expérience à la fois importante et dûment structurée, ainsi que d’une notion parfaitement utilisable. Mais il faut pour cela s’abstenir de réduire la question de l’identité à un camp politique, ou à la seule dimension de l’identité nationale, ou encore à une conception essentialiste et unidimensionnelle : ce pour quoi la meilleure façon de comprendre l’identité est d’en passer par ce qu’elle n’est pas. Au terme d’une telle analyse, la notion d’identité apparaît comme non seulement compréhensible mais utile, en tant qu’elle permet de mettre en évidence les conditions d’une cohérence de soi dans les différents régimes d’existence, du plus individuel au plus collectif.

Alex Mucchielli : l'identité chez Puf, Que sais-je 

Cet ouvrage sur l’identité n’entend pas être la énième synthèse et reformulation générale de ce qui s’écrit depuis plus de cinquante ans sur la question. Il ne redira donc pas ce que l’on a déjà lu et relu sur les fondements génétiques, biologiques, psychologiques, relationnels ou culturels de l’identité, mais tentera de dépasser cette morcellisation des approches et des définitions. Pour cela, Alex Mucchielli resitue le concept dans le nouveau paradigme des sciences humaines, celui de la complexité, afin de proposer une vision générale et nouvelle du phénomène identitaire qui puisse englober et dépasser les diverses théories et définitions connues de l’identité. Quels sont les fondements de l’identité psychosociologique ? À quels problèmes l’identité psychosociale se trouve-t-elle confrontée ?

Professeur des universités honoraire, Alex Mucchielli est l'auteur-scénariste de serious game sur le management et l'audit systémique.

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