Statut du cahier scolaire
Le cahier est-il un outil de traitement de l’information ? Quel est le statut du cahier ? Quelle sens et utilité dans les apprentissages scolaires ? Quelle lisibilité des parcours des apprenants ? Outils de cycle ou outils de classe ? Une occasion d’écrire, d’apprendre à rédiger ? Un support pour écrire correctement formellement les mots, pour savoir copier correctement, pour soigner son écriture, pour développer une rigueur formelle ? Un moyen pour développer des écrits intermédiaires, pour produire des textes écrits ? Pour répondre à des questions ? Pour écrire sous la dictée ? Un cahier pour fixer un savoir, pour permettre de le mémoriser ?
Pour favoriser, in fine, un commentaire métacognitif de l’élève en ces termes : je sais ce que je fais et comment et à quoi cela sert-il, je m’autorise aussi à exercer une activité de pensée sur ce que je fais. Un moyen d’effectuer un bilan sur l’apprentissage, de penser les objets de savoirs ?
Le cahier est vraisemblablement un peu tout cela... dans une perspective fédératrice du cahier comme outil de traitement de l’information dans une optique cognitiviste de l’apprentissage des élèves.
Peut-on envisager les cahiers des élèves comme les traces produites par les élèves comme un outil de traitement de l’information ?
Le cahier est traditionnellement le lieu de la capitalisation linéaire et chronologique des activités effectuées en classe. Cahier du jour ou cahier disciplinaire, il fixe une mémoire des apprentissages de classe. Les enseignants font preuve d’un un rituel plus ou moins exigeant et/ou explicite (date, mise en page, niveau d’exigence quant au soin etc...).
Passé l’année scolaire, le cahier est rarement un instrument de consultation et ne peut donc prétendre constituer un outil de pérennisation et de mémorisation des apprentissages et des savoirs.
Pourtant, il introduit des références stables que sont : un sommaire ou une table des matières, un lexique, des compétences visées, des procédures( matrices d’aide à l’effectuation de la tâche, des outils d’évaluation et d’auto-évaluation, des fiches-bilan.
Son organisation doit favoriser :
- sa consultation,
- des activités de tris et de classement, (à travers le repérage des permanences et des différences)
- son explicitation à un tiers ("ce que je fais, comment et pour quoi")
- la mémorisation des savoirs et des savoir-faire.
Outil structuré, il s’inscrit dans la durée et son utilisation redondante est structurante. Il vise à une capitalisation et à une mémorisation, donc à une stabilisation dans la durée, non seulement de contenus, mais aussi de démarches qui sont autant de "gammes" intellectuelles identifiées et réitérées qui, seules, permettent des apprentissages à un rythme individuel, au moment où le contrat proposé prend sens pour l’enfant, à partir d’ une familiarité progressivement construite.
Ce qui n’a pas été compris (donc appris), dans les strictes limites temporelles de l’intention pédagogique du maître, devient accessible lorsque l’élève est prêt, par le jeu d’une lente maturation qui suscite l’accessibilité d’un savoir et/ou d’un "savoir-faire", lorsque le chemin de compréhension individuelle est parcouru, c’est à dire lorsque l’"apprenant" saisit le sens, pour lui, de ce qu’il est en train d’apprendre.
Ainsi conçues, les traces produites par les enfants deviennent l’instrument d’une attitude métacognitive aisément accessible, qui double toute activité d’apprentissage d’une réflexion et d’un commentaire sur ce que l’on apprend, comment et pour quoi. On passe de la simple exécution d’une tâche à l’accompagnement intellectuel conscient de ce que l’on est en train de faire.
D’après un texte d’Anne Marie Gille, IEN.